Nîlû, Zanur et leurs histoires.

- Azur Saphir Méléganeau Océania, voulez-vous prendre mademoiselle Nîlû Narunia Feurela, ici présente, pour épouse ?

Ainsi commence le début de cette histoire. Ok d'accord, on finit généralement par ce genre de phrases. Mais nous, les deux auteurs pas très sereins d'esprit, nous sommes originaux et décidons de commencer par là ! Bref. Pour comprendre le contexte de cette phrase, il faut déjà voir la tête des jeunes mariés. L'un sourit ironiquement et l'autre a l'air d'hésiter à sauter par la fenêtre d'en face. Huh. Déjà, on peut capter qu'il y a un problème. Mais le mage a l'air tellement stupide avec son grand sourire aux lèvres qu'on comprend qu'il n'y a que lui qui ne peut pas le comprendre.

Déjà, pour tout savoir, il faut remonter à... très très loin. Vous connaissez les garous élémentaires, souvent nommés toutous-garous ? AutreMonde ? Non ? Ça va être compliqué, alors. AutreMonde est une planète, une planète magique avec des tonnes d'informations qu'on ne peut expliquer en quelques mots. Lisez Tara Duncan, les gens. Vous pigerez un peu plus rapidement, comme ça. Une planète magique, donc. C'est assez loufoque ? Pas du tout. C'est loin d'être le pire. Le plus compliqué, c'est les toutous-garous. Vous connaissez les loups-garous ? Transformation en loup à la pleine lune et tout et tout ? Eh bien là, ils peuvent se transformer quand ils le désirent. Et chaque meute a un élément qui coule dans son sang, ce qui leur permet de le contrôler.

Ca, c'est les petites explications pratiques sur le monde. Azur, surnommé généralement Zanur, est un loup d'eau. Précisément, l'héritier alpha de la meute de l'eau. Nîlû dit souvent que c'est de là qu'il tient toute sa stupidité naturelle. Nîlû, louve de feu. Ancienne bras droit de la meute du feu, enfin ça, c'est compliqué. Mais leur élément opposé explique en grandes parties qu'ils sont les opposés complets. Et qu'ils se détestent. Ils se détestent, mais sont en train de se marier. L'événement du "je vais me marier avec mon ou ma pire ennemi(e)" remonte à quelques heures. Explications :

- PARDON ?!? Me marier avec... avec... ce truc ? Ce crétin, cet abruti des algues, ce toutou des WC, avec MOI ?!? C'est hors de question, Dimitri ! Un mariage blanc, mais tu as perdu la tête !

Dimitri, c'est un des patrons de nos deux énergumènes. Patron d'une grande Organisation, oui, oui. Ils ont été enrôlés il y a... oh là, des années ! Et depuis, ils sont acolytes, et tous se demandent ici comment ils se sont débrouillés pour ne pas s'entretuer. Bien sûr, le loup d'eau est à côté à ce moment-là. Si, si, elle l'insulte alors qu'il est à côté. Ne vous en faîtes pas... C'est habituel chez eux, il est blasé depuis le temps.

- Nîlû. Je suis désolé. Mais Zanur est obligé de se marier soit avec toi, soit avec Fleur, vu qu'elle a mis le grappin dessus. Et comme c'est l'alpha de la terre, les deux meutes seront liées. Si Fleur lance une attaque sur l'Organisation, on est foutu ! Et Zanur ne pourra rien faire. Tu la connais, elle est butée. C'est une de tes pires ennemies.

- Oui ben des ennemis, j'en ai plus en plus... Entre Zanur, sa sœur, sa meute qui va me détester si une louve de feu passe alpha de l'eau, toute sa famille pour même raison, sa petite-amie...

- ...Fleur n'est pas ma petite-amie, p'tain ! Et ma sœur Ocella n'est qu'une idiote !

- Oui ben elle est folle de toi, ça revient au même, et l'autre conne reste ta frangine ! J'ai, en tout est pour tout, deux familles d'alpha qui me haïssent, ainsi que toute leur meute derrière ! Écoutez moi bien, JAMAIS, je n'épouserai ZANUR !

Et donc, comme à chaque fois que Nîlû dit ne jamais faire une chose, une heure après, elle la fait. Très souvent par obligation, mais elle le fait quand même. A dire vrai, elle a été trainée de force jusque la salle. Yuki, sa meilleure amie, alpha du feu, lui a fait enfilé la robe. Elle est dans le secret, mais ça ne l'empêche pas d'afficher un sourire ra-vi : Se foutre de la poire de Zanur et Nîlû est son activité favorite... Surtout qu'il y a quelques instants, lorsqu'ils ne pouvaient plus reculer, ils apprirent qu'en plus de se marier... Ils devaient se faire passer pour un couple. Car le mage-chaman les pensait vraiment amoureux. Et il était le seul disponible si tôt... Et aurait refusé un mariage blanc... Donc logiquement, ils devaient jouer la comédie pour ça aussi. Encore une manigance qui énervait Nîlû...

- Oui, je le veux.

Ça, c'est la réponse du début. Parce que maintenant, on en est là. Zanur se tourna vers la jeune femme et lui adressa un sourire qui n’était pas aussi ironique que ceux auxquels il l’avait habituée jusqu’à présent. C’était plutôt un sourire qui semblait dire : « Et bien, on dirait qu’on ne peut plus reculer, maintenant, pas vrai ?... ». Puis il reporta son attention sur le Mage-Chaman qui poursuivait :

- Jurez-vous de la chérir, de la protéger et d’estimer sa vie et son bien-être plus que votre propre existence, et enfin, de l’aimer jusqu’à ce que la mort vous sépare ?

- Je le jure.

Nîlû se mordit les lèvres pour ne pas sourire, persuadée (mais pas convaincue, elle n'en sait rien ! Enfin bon en même temps, là... *regard noir de sa sœur qui a capté qu'il va tout dévoiler si ça continue* Ouijemetais) que Zanur ne savait même pas ce que signifiaient les verbes « chérir » ou « aimer ». Cependant, la voix du Mage, qui s’adressait maintenant à elle, la ramena brutalement à la réalité :

- Et vous, Nîlû Narunia Feurela, voulez-vous prendre monsieur Azur Saphir Méléganeau Océania, ici présent, pour époux ?

Dans sa tête, une petite voix qui ressemblait assez à celle de Scarlet, meilleur ami de celle-ci et petite-amie de Yuki (vous savez, sa meilleure amie ? Ouais, c'est complexe, je confirme... En gros ses deux meilleurs amis sont ensembles ! Ca fait le tour, là, c'est bon ?) informa Nîlû que si elle voulait s’enfuir en courant et se réfugier sur une île déserte ou personne ne viendrait lui demander d’épouser son pire ennemi, c’était le moment ou jamais… Mais sans qu’il y ait là une volonté consciente de sa part (parce qu'on est des sadiques *o*), elle s’entendit répondre :

- Je le veux…

- Jurez-vous de le chérir, de le protéger et d’estimer sa vie et son bien-être plus que votre propre existence, et enfin, de l’aimer jusqu’à ce que la mort vous sépare ?

Nîlû cligna des yeux. Attendez une minute, c’était bien de Zanur-mister-je-te-déteste-à-vie qu’on parlait, là ? Un coup de coude discret la ramena à la réalité et elle s’entendit murmurer :

- Je... le jure.

- Vous êtes désormais unis par les liens magiques du Mariage.

Super. Vu la tête de la mariée, on se doutait que c'était vraiment le pire meilleur jour de sa vie. C'est euphémisme, évidemment... Mais regardez-moi cet air désespéré. On dirait qu'on vient de la condamner pour un crime non commis. Bon, pour elle, c'est un peu le cas. Quelle est pire punition pour elle ? Épouser Zanur évidemment ! Puis le chaman, s’adressant plus spécifiquement à celui-ci, se mit à parler avec douceur :

- Vous pouvez embrasser la mariée.

Nîlû avala sa salive avec difficulté. Son esprit s’était donné un mal fou pour occulter ce point précis de la cérémonie. Toutefois, Zanur avait visiblement décidé de se donner beaucoup de mal pour que leur couple paraisse crédible. En effet, il s’approcha de la louve et posa sa main droite sur sa taille et l’autre derrière sa nuque, pour l’attirer à lui. La jeune femme ne put que se laisser faire, et avant même qu’elle se rende compte de ce qui se passait, il avait posé ses lèvres sur les siennes. Nîlû sentit un frisson la gagner. Fureur ? Peut être pas... Quelle ne fut pas sa surprise, cependant, lorsqu’elle sentit une langue autoritaire s’immiscer entre ses lèvres et venir à la rencontre de la sienne. Elle ne s’était pas attendu à ça : le Mage n’allait tout de même pas vérifier l’intensité de leur baiser ! Cependant, Zanur ne semblait guère pressé de mettre fin à leur étreinte, l’embrassant d'une façon si douce qu'il la tétanisait et la paralysait totalement. D'habitude, la douceur ne faisait pas du tout parti de son caractère...

Quand il la lâcha enfin, elle était tellement choquée que tout son corps tremblait. Un froid mordant semblait s’être brusquement abattu sur elle. Toute pensée cohérente avait soudainement déserté son esprit, à part celle-ci : Zanur avait honteusement profité de la situation et elle lui ferait payer cette humiliation (mouis, enfin y a pire... Mais c'est pas son avis présent, ça). Toutefois, Zanur la tenait à présent par la main et la guida jusqu’à l’autel, où le Mage-Chaman attendait que le jeune couple signe le contrat de mariage. D’une main qu’elle ne pouvait empêcher de trembler, Nîlû inscrivit son nom en bas de la feuille, avant que son désormais mari ne fasse de même. Puis ce fut au tour des témoins, Yuki et Lily, de signer. Lily était celle de Zanur. Son bras droit, et sa meilleure (et seule ?) amie. Le Mage disparut dans la pièce attenante et Zanur se permit sa première remarque désobligeante de la soirée :

- J’imagine que mes parents doivent crier au scandale : son fils et unique héritier est marié avec un micro-onde et a pour témoin la chef des fours !

- Le mirco-onde t'emmerde, et le chef des fours ferait sans doute pire à sa place, alpha de la vase... Marmonna Nîlû en jetant à Yuki (censée être la chef des fours) qui ricanait à son grand malheur.

Nîlû soupira. Cette soirée avait été atroce, mais même les pires choses avaient une fin : maintenant qu’ils avaient ce fichu document, elle allait pouvoir retourner chez elle et tout allait rentrer dans l’ordre. Elle n’avait plus qu’à oublier qu’elle était mariée avec Machin jusqu’à ce que les circonstances leur permettent de faire effectivement annuler leur union…

Dimitri s’adressa au Mage-Chaman dans un sourire crispé... Car oui, il était présent. Sans doute pour vérifier que Nîlû n'avait pas simplement tout fait foirer. C'était dans les habitudes de l'impétueuse louve de se mettre à hurler comme une furie lorsqu'une situation la dépassait. Elle avait toujours été ainsi, elle voulait toujours tout contrôler, absolument tout contrôler. Alors dès qu'un problème se pointait et qu'elle ne le comprenait pas, elle ne le supportait pas, et passait ses nerfs sur Zanur dans une dispute sans queue ni tête. Elle n'avait d'ailleurs jamais compris pourquoi il n'avait jamais demandé à être acolyte avec quelqu'un d'autre : Peut être était-il masochiste... Mais là n'était pas la question pour l'instant.

- Merci pour tout, votre Eminence. Nous n’allons pas vous retenir plus longtemps…

Le Chaman répondit avec jovialité.

- En effet, je suis attendu. Heureux d’avoir pu vous rendre service, en tout cas…

Et se tournant vers le « jeune couple », il ajouta :

- Je vous souhaite d’être très heureux ensemble…

Les deux toutous-garous répondirent « Merci » avec un synchronisme si parfait qu’il en devenait suspect et un sourire que n’importe qui aurait jugé hypocrite, sauf le Mage, persuadé qu’il était que les jeunes gens nageaient en plein bonheur et en pleine extase de noces. Puis, le Mage-Chaman incanta un sort pour se téléporter après avoir salué Dimitri et les jeunes mariés une dernière fois. Sauf que... Rien ne se passa. Ou plutôt, le Mage fut couvert de cendres magiques éteintes, et l’air passablement mortifié.

- Je ne comprends pas, marmonna-t-il, ça ne marche pas.

- J’ai pourtant pris soin de faire fonctionner les transmitus moi-même quelques heures plus tôt… intervint Dimitri. Laissez-moi essayer.

Et d’autorité, il incanta à son tour. Mais le sort ne fonctionna pas plus que pour le Chaman. Les yeux de Dimitri s’écarquillèrent de stupeur. Chose totalement incongrue à l'esprit de Nîlû comme Zanur, puisque celui-ci affichait toujours un air sérieux et strict en permanence. Alors le voir aussi surpris les inquiétaient automatiquement.

- Il y a un problème avec les transmitus, c'est ça ? Qu'est-ce qui se passe ? Glapit Nîlû.

- Moi, je sais.

Nîlû, encore plus surprise, tourna vivement la tête vers son... mari. Nom qu'elle n'arrivait pas à lui attribuait du tout, d'ailleurs. Et celui-ci avait une mine grave qu'elle détesta aussitôt. Presque autant que son air sarcastique et moqueur. Car même s'il semblait moins cruel en air sérieux, ça restait tout de même très inquiétant...

- Les effluves magiques ici sont très instables. Elles ne fonctionnent que temporairement. Les flux magiques ont beaucoup de mal à passer, vu le profondeur dans laquelle nous sommes encrés, sous l'océan.

Nîlû frémit au mot "océan" étant aquaphobe, ce qui n'échappa à Zanur vu que la main de celle-ci venait de se crisper sur la sienne. Pourtant, il ne fit pas de commentaire désagréable, même s'il était très tenté : Il risquait de mettre la puce à l'oreille du mage, et à partir de là, plouf (c'est le cas de le dire sous l'océan), plus de mariage ! Et il serait obligé de se fiancer à Fleur... Aerk. Plutôt mourir que de finir ses jours avec cette louve là. Il prit une inspiration pour continua :

- Alors les effluves ont fonctionné pour notre mariage... Mais je crains qu'on soit obligé d'attendre avant qu'elles ne se remettent à fonctionner correctement.

- Combien ?

Pressée, Nîlû, dîtes-moi... Heureusement que le mage-chamane est stupide, dîtes donc, il se serait vite aperçu qu'elle angoissait pour autre chose que leur nuit de noces sinon.

- Je ne sais pas précisément... Ça peut être quelques heures comme plusieurs mois.

Nîlû se retint de s'étrangler. Plusieurs mois ?!? Jamais elle ne pourrait tenir plusieurs mois ici ! Avec Zanur... Et... sous l'océan... Rien que l'idée la terrifiait. Il fallait absolument qu'elle évite de penser qu'elle était sous l'eau, car elle risquait de faire une attaque sinon. Le Mage-chamane haussa les épaules.

- Tant pis. Vous avez des chambres ici, non ? Je suis désolé pour votre voyage de noces, il va devoir se faire ici... Vous étiez censé partir où, par pure curiosité ?

- Les Seychelles, sur Terre. C'est très romantique, là-bas, répondit aussitôt Zanur avec un vivacité étonnante. Ne vous inquiétez pas pour les chambres, nous en aurons tous une... Mais... il n'y a qu'un couloir pour toutes les chambres...

- Ce n'est pas grave, non ?

- Non, bien sûr... Bien sûr...

Zanur jeta un regard étrange à Nîlû. Celle-ci ne comprit pas tout de suite, mais quelques secondes après, elle comprit ce qu'il essayait de lui faire capter : S'ils étaient tous dans le même couloir, le chaman les verrait entrer dans une chambre. Et donc, en tant que mariés, ils allaient devoir dormir dans la même chambre, et vu son regard moqueur... sans doute dans le même... lit...

Peut-être était-il conscient de ses hésitations à soudainement tout révéler pour pouvoir dormir dans une pièce à part, en tout cas, Zanur décida à sa place. Sans que la jeune femme n’y soit préparée, il la prit soudain dans ses bras et entreprit de gravir les escaliers. Nîlû n’eut d’autre choix que de passer les bras autour de son cou pour ne pas tomber. C’est ainsi que la jeune mariée franchit le pas de la porte de sa nouvelle chambre dans les bras de son époux, sous le regard stupidement attendri du Mage-Chaman.

La jeune femme n’attendit pas qu’il la dépose sur le lit pour descendre. Dès que la porte fut refermée, elle se dégagea de son étreinte et retrouva le sol avec soulagement. Sans lui laisser le temps de parler, elle le gifla de toutes ses forces. Autrement dit, sans que personne, et sans aucun doute pas Zanur, ne puisse trouvait la frappe légère et le faisant carrément cogner contre le mur sur le coup.

- Non mais ça va pas ?!!? Qu’est-ce qui te prend ?! s’exclama le loup d'eau, éberlué.

- Je te retourne le compliment : on peut savoir ce qui t’a pris !? Ne t’avise plus jamais de me porter comme tu viens de le faire ! vociféra-t-elle, le faisant lever les yeux au ciel.

- J’essaie de jouer mon rôle de jeune marié, voilà tout. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que tu ne te montres pas très coopérative.

- Effectivement ! rugit la jeune femme. Parce que figure-toi qu’on ne m’a pas demandé mon avis, à moi ! Et que j’ai aucune envie de jouer les jeunes mariées ! Encore moins en ta compagnie !

Et sans laisser à son époux le temps de répliquer à ce qu’elle venait de dire, elle lui flanqua une deuxième gifle, encore plus violente que la première. Azur porta la main à sa joue et lui lança un regard où se mêlaient le reproche et l’étonnement. Avant qu’il ne pose la question, la louve de feu lui expliqua :

- Et ça, c’était pour la façon dont tu m’as embrassée, tout à l’heure, devant l’autel ! Déclara-t-elle, lui faisant hausser les épaules.

- M’en fiche, je regrette pas !

Et comme s’il avait peur que son interlocutrice ne se méprenne, il ajouta en guise d’explications :

- La tête que tu faisais, ça valait vraiment le coup...

Et comme la jeune femme levait à nouveau la main pour le frapper, il attrapa son poignet au vol.

- N’empêche, il faudrait que tu arrêtes de me taper dessus ou le Mage va croire qu’il a uni un couple sado-maso…

Confuse à l’idée qu’on puisse les entendre, Nîlû recula de quelques pas, histoire de mettre de la distance entre elle et celui qui était dorénavant son époux… Elle lui tourna le dos et fit face... au lit. Un lit présentement entouré de voiles de dentelle blanche et recouvert de pétales de roses.

La louve poussa un soupir découragé, faisant sourire le loup d'eau derrière son dos. En maudissant sa meilleure amie qui avait sans doute pris un malin plaisir à faire de cette chambre une véritable suite nuptiale, Nîlû entreprit de débarrasser le lit des pétales de fleur. Elle se retourna en direction de Zanur afin de lui envoyer une remarque bien sentie du genre « Non mais tu pourrais peut-être m’aider au lieu de me regarder faire ! ». Cependant, aucun mot ne sortit de sa bouche et elle resta quelques secondes interdite : Le jeune homme avait entrepris de se déshabiller, apparemment sans la moindre gêne.

Retrouvant ses esprits, Nîlû lui tourna le dos, et recommença à épousseter le lit, même s’il n’en avait plus vraiment besoin, toutes les fleurs étant d’ores et déjà tombées à terre, simplement pour dissimuler son malaise. Ses joues étaient en feu, mais elle espérait que ça ne se voyait pas. Malheureusement, c’était le genre de détails qui n’échappait pas à Monsieur, et elle entendit bientôt sa voix moqueuse murmurer :

- C’est bon, tu peux te retourner, j’ai fini…

Elle obéit malgré elle pour constater que Zanur était toujours torse nu, mais au moins à présent, il portait un pantalon de pyjama noir. La jeune femme avala sa salive avec difficulté, les joues toujours rouges, surtout à cause de la lueur perpétuellement ironique dans le regard bleuté de son mari qui ne faisait que la fixer à présent.

Cependant, un souci plus urgent lui apparut : quand elle avait rejoint Dimitri dans son bureau, elle ne se doutait absolument pas que quelques heures plus tard, elle serait mariée avec Azur et dans l’obligation de partager une chambre avec lui. En conséquence, elle n’avait amenée avec elle aucune affaire de toilette ni même un pyjama.

Mais encore une fois, Yuki avait pris les devants, car elle découvrit, soigneusement pliée sur une chaise, une nuisette de satin écru, brodée de perles et comportant des parties en dentelle blanche. Nîlû soupira : elle aurait certes préféré un bon vieux pyjama en coton, avec, pourquoi pas, une ceinture de chasteté incluse, mais il semblait qu’elle n’avait guère le choix.

- Tourne-toi et ne t’avises pas de regarder, ou tu le paieras cher !

Zanur ne répondit pas plus explicitement que par un de ces sourires ironiques dont il avait le secret. Et elle comprit assez vite la raison de l’amusement du jeune homme : Sortir seule de sa robe de mariée s’avérait franchement impossible ! Dans son dos, le corset était maintenu par un système de lacets compliqués, et seule une contorsionniste aurait pu en venir à bout toute seule. Le couturier qui avait conçu la robe l’avait sûrement fait exprès. Après tout, c’était une robe de mariée et la jeune femme pour qui elle avait été faite, un bon siècle auparavant, n’était pas censée l’ôter toute seule.

Au bout de plusieurs minutes qu’elle s’échinait à défaire les attaches de la robe en retenant force jurons, elle se retourna vers Zanur, un air désespéré sur le visage. Elle constata qu’il lui avait obéi : il était assis sur le lit et lui tournait le dos ; cependant, ses épaules étaient secouées d’un fou rire silencieux qui l’exaspéra aussitôt.

- C’est bon, arrête de te marrer et viens m’aider…

Comme s’il n’avait attendu que ça le jeune homme fut aussitôt sur ses pieds et rejoignit Nîlû devant la coiffeuse où elle essayait vainement de se déshabiller. Il se plaça derrière elle et en quelques mouvements experts, défit les rubans de satin blanc qui maintenaient le corset.

Seulement, lorsqu’il défit le dernier nœud et tira sur le dernier ruban, la robe tomba d’un coup. Choquée, elle se retourna pour faire face à son agresseur, mais ce n’était pas une très bonne idée, car ainsi, Zanur avait une vue imprenable sur son décolleté et il ne se gêna d'ailleurs pas pour se rincer l’œil, la détaillant des pieds à la tête. Quand à Nîlû, elle était trop saisie pour réagir et lui mettre sa troisième gifle de la soirée.

- Comme ça nous sommes quittes…Tu ferais mieux de venir te coucher, tu vas attraper froid...

Elle ne trouva rien à répliquer. Humiliée pour la deuxième fois de la journée, elle serra les dents en méditant sa vengeance prochaine, le rejoignant tout de même dans le lit après avoir enfilé sa nuisette puisqu'elle mourrait de froid. Comme il était un peu trop au milieu à son goût, elle le força à reculer jusqu’au bord du matelas, de façon à mettre le plus de distance possible entre eux. Évidemment, Zanur ne put s’abstenir d’un commentaire sarcastique :

- Tu as peur de ne pas réussir à contrôler tes pulsions pendant la nuit, avoue-le Nîlû ! Je sais, je sais… je suis irrésistible.

- La seule pulsion irrésistible à laquelle je risque de succomber en ce moment, c’est celle de te coller ma main dans la figure, alors tu ferais mieux de te taire avant que ça ne devienne une réalité.

- T’as vraiment pas d’humour…

- Bien sûr que si, rétorqua-t-elle, piquée au vif.

Zanur, qui ne pouvait s’empêcher de la taquiner, chercha à la pousser à son avantage :

- Non t’as pas d’humour…

- Si !

- Ben non, la preuve…

Il laissa passer quelques secondes avant de s’écrier d’une voix faussement énamourée :

- Oh, oui, Nîlû ! Frappe-moi, j’aime ça !

- Abruti ! siffla la jeune femme sur un ton plein de rage.

- C’est bien ce que je disais, conclut-il d’un air supérieur : t’as pas le moindre sens de l’humour…

Alors qu'il était sur le point de plonger dans un doux sommeil, des sanglots déchirèrent le silence. Des sanglots discrets. Il se retourna, tâta dans le noir le lit pour en trouver la cause, puis finit par poser sa main sur le bras de Nîlû. Il se permit de se pencher vers elle, la calant contre lui, remarquant que ses joues étaient humides... Elle pleurait...

- Nîlû...

- Pardon... Pardon...

Elle répétait ça longuement comme si ce mot semblait sans fin. Il ne réussit pas à deviner si elle était éveillée ou si elle pleurait dans son sommeil mais la serra doucement contre lui, voulant la rassurer. Contrairement aux apparences, Zanur était loin d'être un insensible et la voir dans cet état lui serra clairement le cœur.

- Nîlû, réveilles-toi... Nîlû... Nîlû !

La respiration de la louve sembla se bloquer et il sentit sa tête doucement se tourner. Visiblement, elle pleurait bien dans son sommeil et venait de se réveiller. Il lâcha un soupir de soulagement. Tout ça avait fini par l'effrayer.

- Tu finiras par me tuer non pas volontairement mais par une crise cardiaque, Nîlû...

- A-Azur... Qu'est-ce que tu fais ici... ?

Ca c'était la meilleure... Il alluma la lampe de chevet, histoire de pouvoir la regarder.

- Nîlû, souviens-toi... On est ici... Avec tes amis et Dimitri... Pour le mariage...

- Tu t'es marié avec Dimitri ? Quelle drôle d'idée ! Et depuis quand t'es gay et que le mariage l'autorise ?

Non, finalement ça, c'était la meilleure.

- Non, avec toi... Pour de faux... Un mariage blanc... Tu te souviens ?

- ...Oui, finit-elle par admettre après quelques secondes en retrouvant ses esprits.

- Tu cauchemardes souvent ? Tu pleurais dans ton sommeil et...

- Non !

- ...

- Si... En fait... Mais d'habitude personne n'est là pour me voir...

Il n'osa pas lui demander le sujet de son cauchemar. Connaissant la louve, elle risquait de se mettre sur la défensive et tout ce qu'il gagnerait serait de dormir par terre, les cheveux cramés et sachant Nîlû blessée par sa faute. Les deux premières options, il pouvait les subir une énième fois mais la troisième pas question.

- Je... J'ai peur Azur... Tout le monde finit par partir et tu finis toujours seule... Et j'ai peur toute seule.

- Pourquoi tout le monde devrait partir ?

- Mes parents sont partis... J'ai du partir pour l'Organisation et Yuki s'est retrouvée toute seule... Et puis on s'attire toujours les ennuis, on finira forcément par trinquer par un blessé ou même peut être un mort et...

- Nîlû, arrête. Tu ne finiras jamais toute seule, voyons. C'est idiot de penser ça.

- Comment tu peux en être si sûr ?!

- Parce que moi je te promet de toujours rester.

Comme elle ne répondait rien, il éteignit doucement la lumière pour pouvoir s'endormir. Il ne l'aurait avouer pour rien au monde, mais lui aussi avait peur d'être seul. Et il avait froid. Et mal dans le noir. Mais lorsqu'il s'endormit avec Nîlû dans les bras, il se sentit bien. Et la louve ne fit plus de cauchemar cette nuit-là...

C'est à cause de ça, t'es sûre ? .___. c'était pas plutôt parce qu'on parlait du cimetière et qu'on parlait des décès référencés dans les mairies et le fait qu'on est pas de mairie ? Donc mariage. Et là :
- Ce serait drôle de marier les deux personnages qui s'aiment le moins !
- ...
- Yel... Me dit pas que t'as pensé à la même chose que moi .___.
- Si :D
- Non mais non mais non mais non mais non ! Je refuse ! Et de toute façon, il refusera aussi !

Faudrait m'expliquer un jour pourquoi t'as pas refusé, Era xD