[Pv Alpha, Eraël, Nathan] Mais où je suis bordel de m**** ?!

Il était dans une pièce totalement vide... La petite mioche lui avait carrément forcé la main pour ouvrir sa maudite boîte et voilà que maintenant il se trouvait... ailleurs. Il se releva et regarda autour de lui. Cet endroit ne lui disait rien du tout. Et comment il était arrivé là, déjà, à la base ?? La gamine lui avait fait ouvrir sa boîte en carton et il s'était retrouvé là.
 Soudain, une pensée le traversa. Nooooon, la mioche ne l'aurait quand même pas assommé et traîné jusqu'ici ? Voilà la preuve qu'Eraël a des amis bizarres, il aurait dû s'en méfier.
 Bon, borner comme il était il n'allait pas réfléchir pendant deux heures, c'était trop fatiguant. Il s'appuya contre un mur, sortit une clope et le briquet qui allait avec et commença à fumer. A l'intérieur. Et que le monde aille se faire voir, il n'y avait personne ça ne risquerait pas d'empoisonner quelqu'un. Et puis s'il le fallait, il allait attendre que quelqu'un se manifeste, ramène ses fesses et lui explique se qui se passait parce que tout ça, ça n'allait pas du tout, il avait autre chose à faire. Draguer des filles, se saouler au bar ou perdre son argent au poker par exemple.

- Beurk. Même Queen fumait pas quand elle est arrivée. T'es dépendant à ce point-là ?

Bon en même temps, elle se doutait que ce mec était bête. Enfin dans son optique à elle en tout cas. Et puis, elle l'avait entendu tant de fois se moquer de son frère sa voix stridente. Pauvre Eraël. Heureusement qu'il avait une nouvelle famille maintenant. Il était vraiment pas servi avec ce genre de trucs. Et il avait peur de ça ?! Pas possible.

- ...Mouais. Bon. Qu'on en finisse vite. C'est quoi ton vœu de départ ?

Il se débrouillera avec les règles du jeu. Il est là que pour forcer Eraël à affronter ses peurs et à se prouver qu'il vaut mieux que ce gros tas d'égoïsme et de narcissisme, sinon elle l'aurait laissé fuir sa vie dans les bars, les casinos... et les chambres d'hôtel où il faisait sans doute pas que jouer aux cartes avec les demoiselles. Oui, Alpha ne l'aimait pas. Même pas du tout. Faut dire, qui aimerait quelqu'un qui a fait du mal à un ami, volontairement qui plus est ?

- Beurk. Même Queen fumait pas quand elle est arrivée. T'es dépendant à ce point-là ?

La mioche. Il serra les poings. Il essaya de se contrôler, cette gamine ne perdait rien pour attendre. Elle allait payer. Mais c'était qu'une gamine. Il allait se venger plus subtilement, en l'occurence pas maintenant. Mais c'était certainement pas une raison pour être poli. D'ailleurs, a-t-il déjà été poli dans sa vie ? Allez savoir...

- Beurk. Même Queen fumait pas quand elle est arrivée. T'es dépendant à ce point-là ?

- T'occupe, la mioche, c'est pas tes affaires. Et puis, c'est à cause de toi que je suis ici alors te plains pas.

- ...Mouais. Bon. Qu'on en finisse vite. C'est quoi ton vœu de départ ?

Hum... un voeu ? Intéressant. Il y en a sûrement qu'un, il faut bien le choisir. Il y eut un long instant de silence, le temps que Liam écarte ce dont il avait besoin. Puis il trouva son bonheur.

- Hum... Tu sais, gamine, le but est de combler ses peurs. Je souhaiterais alors, quoi qu'il arrive, ne jamais ressentir de sentiments. Ça devrait me débarrasser de pas mal de choses encombrantes...

Et puis, qu'elle se débrouille avec ça. Et il continua à fumer.

- T'occupe, la mioche, c'est pas tes affaires. Et puis, c'est à cause de toi que je suis ici alors te plains pas.

Franchement... C'était de ce truc là qu'il avait peur... Ben dis donc... C'était pourtant évident que ce mec n'avait rien dans le crâne. D'accord. Elle jugeait un peu vite. Disons qu'elle s'était déjà fait une idée sur lui en l'entendant hurler à travers le jardin, à la poursuite de son frère. Que voulez-vous. Elle ne pouvait pas se résoudre à apprécier un gars comme Liam. S'il y avait un mec qui devait se faire expulser, elle le choisirait lui, une fois son meilleur ami calmé avec ses angoisses. Si elle y arrivait un jour. C'était pas dit que c'était pas dans sa nature de s’inquiéter pour les autres.

- Hum... Tu sais, gamine, le but est de combler ses peurs. Je souhaiterais alors, quoi qu'il arrive, ne jamais ressentir de sentiments. Ça devrait me débarrasser de pas mal de choses encombrantes...
- Pas de sentiment ?

Encore un truc de grand méchant noir... Bon les blancs auraient pu aussi le demander mais c'était atroce, ça ! Plus de sentiment ! Plus de bonheur, plus de malheur, plus rien ! Comme s'il n'existait plus, en fait. La peur servait à éviter certains dangers, comme la douleur, c'était important. Les sentiments servaient tous à quelque chose. Un abruti comme lui n'en avait sans doute pas conscience - oui, elle était méchante avec lui. Et alors ?! - mais ça risquait d'être un vœu... compliqué et dangereux.

- Si tu ressens plus rien, chaque danger que tu ne ressentiras pas risquera de te tuer. Chaque sentiment à une fonction tu sais.

On faisait pas plus simple comme formule.

- Mais tant pis pour toi : Après tout, c'est toi qui l'a demandé.

Elle exauça donc son souhait. Même si ça la dégoûtait un peu. Une personne sans sentiment, ça équivaut à un robot... Enfin c'est ce qu'elle pensait et elle imaginait déjà Liam fait en métal et parlant mécaniquement. Bref. C'était fait. Maintenant, que faire... Qui envoyer ? Est-ce qu'Eraël était vraiment prêt à croiser son frère maintenant ? Alpha doutait vaguement mais elle finit par prendre une décision. Il finirait bien par le croiser de toute façon.

- On va venir te chercher. Si tu lui fais du mal, je te bute.

Étrange comment une voix enfantine pouvait soudainement se faire si sérieuse et si dure.

- Pas de sentiment ?

Ben quoi ? En quoi ça la dérangeait, elle ? C'était sa vie il faisait ce qu'il voulait quoi !

- Si tu ressens plus rien, chaque danger que tu ne ressentiras pas risquera de te tuer. Chaque sentiment à une fonction tu sais.

Ah, voilà où elle voulait en venir...

- Non, je crois que tu n'as pas compris. En parlant de sentiments, je parlais de l'amour, l'amitié, la compassion, la pitié, la bonté, l'attachement et tout ces sentiments qui font la faiblesse de l'homme et le transforme en mauviette. Je tiens quand même à ce que je suis, je ne veux pas devenir un corps vide, merci.

Non, vous n'avez pas rêver, il a dit merci. Mais c'était pas par politesse, il a dit ça comme s'il la prenait pour une débile, hein. Par politesse... N'importe quoi !

- Mais tant pis pour toi : Après tout, c'est toi qui l'a demandé.

- Eh oh, me transforme pas en éponge, prends en compte ce que je viens de te dire !

Il n'avait pas retiré la peur de sa liste, non. Là il avait peur inutilement, mais la peur avait parfois des usages insoupçonnés.

- On va venir te chercher. Si tu lui fais du mal, je te bute.

Oh mon dieu, en plus elle envoyait la mauviette pour aller le chercher ? Mais en plus il a même pas besoin de lui faire mal pour le traumatiser ! Et de toute façon c'est peut-être elle qui faisait la loi ici mais il n'avait pas du tout l'intention de respecter ses règles surtout qu'il ne les connaissait pas. Si elle voulait qu'il laisse la mauviette tranquille, elle n'avait qu'à pas les mettre au même endroit ! Un peu de bon sens quand même !

- T'es prêt ?
- Non.

Réponse sincère. Je ne serai jamais prêt. Surtout que je viens tout juste d'être mis au courant. Et heureusement ! N'aurait-elle pas du me le dire avant, qu'elle avait pêché mon frère ? Mon Dieu... Grand frère Liam est juste derrière cette porte. Derrière cette porte, il y a ce crétin que j'ai toujours eu envie de massacrer mais que je me contente toujours de fixer avec désespoir. Et parfois même avec envie.

J'aurai tellement aimé être aussi salaud que lui !

- Tu m'en veux ? Je sais que tu le vois comme Satan mais regarde-le bien cette fois, tu verras, c'est juste un crétin de plus sur terre !

Mouais. C'est sûr. Pour Alpha, c'est comme ça. Mais moi j'ai juste envie de m'enfuir au courant et ne plus jamais le voir. Ou lui mettre mon poing dans la figure. Mais je sais d'avance que je ne le ferai pas. Dans son regard, même s'il est totalement neutre, j'imagine tout le dégoût que j'inspire à lui, à ma famille et à mes anciens amis... Ca fait trop mal de l'affronter. J'inspire une bonne bouffée d'air puis ouvre lentement la porte. Ne pas le regarder dans les yeux. Regarder le mur derrière lui. Voilà. Le mur.

- Salut.

Salut. Salut. J'imagine parfaitement qu'il me traite mentalement de pauv' tâche. Il n'a pas tort. Je suis vraiment une pauvre tâche. Mais ma voix ne tremble pas. Elle est juste un peu trop neutre pour être sincère, vu que je parle toujours gentiment d'habitude. Je dois prendre sur moi si jamais il me fait la moindre remarque.

- Je te montre ta chambre si tu veux.

- Salut.

Je lève les yeux et je vois la tâche en compagnie de la sale gosse. Et c'est pas pour autant que j'arrête de fumer. Je les regarde un moment voyant bien que la mauviette ne me regarde pas, il regarde à côté de moi, ailleurs. Humpf, il n'ose même pas me regarder en face. Et c'est certainement pas comme ça qu'il deviendra un homme. Peut-être que si un jour il devient un homme, un vrai, j'arrêterai de le martyriser parce que je n'en aurais plus aucune raison. Mais pour ça, il faut qu'il y arrive.
Je sors la cigarette de ma bouche, et continue à les regarder avec dédain.

- Je te montre ta chambre si tu veux.

- Si je veux ? Et si je te disais non ? Si je te disais que je ne veux pas que ce soit quelqu'un comme toi qui me montre ma chambre ? On fait comment à ce moment là ? Tu sais très bien que tu ne peux pas m'y obliger, frérot.

En fait, c'est complètement stupide de s'embrouiller juste pour ça. Mais j'en ai marre de vivre avec des gens comme lui. Enfin je crois. Mais, en même temps, voir sa mine déconfite et apeurée m'a toujours fait sourire. Qu'il me prenne pour le plus grand imbécile, arrogant et salaud de la terre, je m'en contrefiche.

- Si je veux ? Et si je te disais non ? Si je te disais que je ne veux pas que ce soit quelqu'un comme toi qui me montre ma chambre ? On fait comment à ce moment là ? Tu sais très bien que tu ne peux pas m'y obliger, frérot.

Inspiration. Expiration. Zen. Quoi qu'il arrive, il faut que je reste calme.

Y a eu bien pire, non ? Y a pas longtemps, je me rappelais douloureusement quand il avait emprunté la hache de papa pour me courir après en hurlant comme un taré et rien que cette idée me terrorisait. Il ne m'avait rien fait avec, en croisant les parents, il avait caché la hache et avait abandonné l'idée de me couper la tête.

Bien sûr, je savais qu'il n'avait pas vraiment eu conscience de ses actes ce jour-là, il ne voulait pas vraiment me tuer... Bien sûr, je le lui avais pardonné. Bien sûr, il avait quand même continué à me martyriser. J'avais toujours tout pardonné, parce que c'était mon frère et que j'avais toujours voulu croire que quelque part, il me considérait comme ça, lui aussi. C'était mon truc, je crois, pardonner. Bien sûr, il ne m'a jamais vu péter un câble, un vrai câble, celui qui fait que certaines personnes changent de trottoir en me voyant... Mais qu'est-ce que ça aurait changé au fond. Si on a une place, on doit la garder toute sa vie.

Je serre le poing et fait volte face. Qu'il prenne ça pour une fuite ou non. Je veux sortir de cette salle. Et je ne veux pas croiser son regard dégoûté.

- Je ne t'oblige à rien.  Si tu veux n'est pas une formule de politesse, donc si jamais je dois te larguer en plein milieu du bâtiment sans que tu puisses te repérer, ça ne changera rien pour moi, grand frère Liam.

Ouais. Je l'ai toujours appelé comme ça. Un espoir pour qu'il comprenne que je le prenais vraiment comme mon grand frère, malgré qu'il ne soit pas vraiment un modèle ? Au départ peut être... Maintenant c'était l'habitude... Je crois que je ne faisais plus vraiment parti de cette famille de toute façon. Peut être même bien que je n'en ai jamais fais parti. Heureusement qu'une nouvelle m'accueille ici.

- A ce propos, j'ai changé de nom. Ici c'est Eraël. Mais c'est à titre d'indication, je ne t'oblige à rien.

De toute façon, il sait bien que ce n'est pas mon genre. Il commente juste mes paroles pour me faire stresser.

- Je ne t'oblige à rien. Si tu veux n'est pas une formule de politesse, donc si jamais je dois te larguer en plein milieu du bâtiment sans que tu puisses te repérer, ça ne changera rien pour moi, grand frère Liam.

- Alors tu aurais mieux fait de ne pas venir, je peux me passer de toi... Et j'imagine que c'est réciproque.

- A ce propos, j'ai changé de nom. Ici c'est Eraël. Mais c'est à titre d'indication, je ne t'oblige à rien.

- Quoi ? Jordan ne te convenait pas ? On t'en a donné pleins aussi, des surnoms...

Apparemment, il n'avait pas compris. Vous savez qu'en général soit on est un homme naturellement, comme moi, soit on le devient par les épreuves qu'on endure. Le problème, c'est que ces épreuves n'ont rien changé en "Eraël". A croire qu'il veut encore se faire martyriser pour être ce qu'il aurait dû être. Que fait-il dans notre famille d'ailleurs ? Le monde est cruel, je sais, mais il n'aurait jamais dû être ce qu'il est.
Une pensée étrange me vient... S'il venait à mourir, arriverai-je au moins à être triste ? Ou à le regretter ? Il y a tant de gens sur cette planète qui voudrait le voir mort... Fin breeeeef, elle est où ma chambre ?

- Alors tu aurais mieux fait de ne pas venir, je peux me passer de toi... Et j'imagine que c'est réciproque.

C'est là où tu t'es toujours gouré, tu vois. Bon je dis pas que je ne peux pas me passer de lui, c'est faux ; Mais contrairement à lui, enfin c'est ce que je pense, je trouverai toujours le moyen d'être triste s'il devait lui arriver quelque chose. Sans doute suis-je trop stupide pour être heureux du malheur des autres, qu'ils m'apprécient ou non.

Mais s'il croit que je suis venu pour lui, il se leurre. C'est pour Alpha que je fais ça. Elle fait tellement d'efforts pour nous offrir un meilleur monde ! C'est lâche, injuste, tout ce que vous voulez de s'isoler comme ça dans une boîte mais... C'est ce bonheur égoïste qui me plaît tant. Je ne sais pas trop ce que va changer la présence de Liam... Peut être rien, peut être tout.

- Quoi ? Jordan ne te convenait pas ?

Nan. Comme dirait l'autre. Et puis comme Alpha m'a toujours appelé comme ça... Ben j'ai pris le tic. Et puis c'est plus original. Quelque part, c'est pas mal de recommencer une nouvelle vie avec un nouveau nom.

- On t'en a donné pleins aussi, des surnoms...

Je dois retenir un rire. Tout le monde semble avoir une manière différente de m'appeler, c'est vrai.

Hey la blondasse ! C'est par ici. Tcht, ton sens de l'orientation...
Parain Eraaaa' ! Trop bien que t'ai pu venir toi aussi !

Ah, si seulement je pouvais aussi changer de nom !
Eraël Siline, ça sonne bien, non ? Dépêche-toi de te marier avec moi.
C-C'est vraiment pas drôle, Isay...

- T'as pas idée.

Je sors de la salle d'accueil sans me poser plus de question. Sa présence me stresse beaucoup trop. Et puis zut, hein ! Qu'il se perde ou non dans les couloirs, ce n'est pas mon problème après t... Non, je ne dois pas devenir méchant juste parce qu'il est prêt de moi, c'est trop bête. Je dois agir normalement. Même si c'est lui. Je me pose contre le mur, les bras croisés. Peut être va-t-il chercher sa chambre tout seul mais il ne la trouvera pas comme ça, il va forcément devoir attendre que je lui montre le chemin à un moment donné. Je n'ai qu'à attendre.

- T'as pas idée.

Si, justement j'ai bien idée. Ce que je pense de toi en mon fort intérieur, ce que la mioche pense de toi, l'autre idiot qui te colle tout le temps aussi. La famille, les débiles qui font partis de ce monde, tout le monde quoi. Ils ont tous un surnom différent, affectueux ou non.

Mais j'ai l'impression que tu t'en fous, tout ce qui compte c'est te réfugier dans un coin où on te laissera tranquille et où tu pourras vivre ta petite vie. Mais c'est hors de question, je ne te laisserai jamais tranquille. Est-ce peut-être la raison pour laquelle je suis ici ? La mioche voudrait-elle t'apprendre elle aussi à être plus fort ? Mais à chacun sa manière.

La tâche se décida enfin à se bouger, il allait sortir de la pièce lorsqu'il s'arrêta. Et s'appuya finalement contre le mur. Bien évidemment, il attend quelque chose. Je soupirai. Il me fatigue à des moments...

- Bon, on y va à cette chambre ?

A part cette pitoyable phrase, pas de remarque désobligeante pour une fois.

- Bon, on y va à cette chambre ?

Eh bien... Ca m'étonne de sa part. Je le voyais déjà se mettre en route dans les couloirs, cherchant sa direction histoire de ne pas avoir à me demander mon aide "d'inutile chose". Après tout... Il est fier. Bien sûr. Il a toutes les raisons d'être fier de ce qu'il est. Alors... sans doute que je l'envie un peu. Un tout petit peu. Je l'avoue. Et l'assume.

C'est moche la jalousie, n'est-ce pas ? Et je sais pertinemment que ça ne m'aidera pas du tout donc j'éviterai d'embêter qui que ce soit avec des sentiments inutiles comme ça. Surtout mon grand-frère, j'ai déjà honte de lui faire honte. J'ai tiré un trait sur ce genre de confidences de toute manière, pas la peine d'être plus pitoyable que je ne le suis déjà.

Mais ça ne me surprend vraiment par contre qu'une fois admis qu'il ne pourrait pas se guider seul qu'il me demande de l'aide... Version Lavian. Bon alors qu'est-ce t'attend crétin, en gros. Même son agaçante fierté, quelque part, ça le rend... au-dessus. Et ça m'intimide. Vu que c'est plutôt facile à faire.

Ca fait toujours aussi mal de le constater.

- Oui.

Réponse stupide alors que je me dirige déjà vers les chambres. Noires. En général, quand je passe dans le couloir, on me dévisage un peu... Je crois que je suis au comble du malaise. Mon frère tout proche, des gens qui m'observent, tout pour plaire.

Dans un jeu d'échec, la force résidait dans l'obéissance et la solidarité. Obéissance envers les souverains et solidarité entre les p'tits pions pour ne pas crever. Évidement, quand un des deux souverains était absent, ça portait tout de suite un coup dur sur le reste de l'équipe.

- Elenaaaa ?

Le jeune homme ouvrit à nouveau une porte à la volée, avant de la refermer aussitôt. Bon, il avait perdu la reine noire, c'était bien pratique. Ou alors, elle s'était faite la malle. Raaah les femmes, toutes des idiotes incapables dans son esprit, on ne pouvait vraiment pas compter sur elles. Parce que oui, pendant que la reine noire se prélassait au soleil, lui bossait ! 'fin, c'était un bien grand mot, disons que maintenant tous les p'tits pions allaient le voir lorsqu'ils avaient des questions au lieu de l'embêter elle. Et ça, c'était d'un pourraaaaave...

Et ce fut au moment où Nathan pensait très fortement instaurer une dictature totalitaire et bannir les femmes du camp noir qu'il croisa le chemin de l'une d'entre elles. Oui bon d'accord, c'était vraimeeeeent méchant de sa part. Surtout qu'Eraël, bah c'était pas sa faute hein s'il était aussi faible qu'une fillette - ou une femme en général - . Par contre, ce que le roi noir n'avait pas prévu, c'était que le roi blanc soit accompagné d'un... jumeau ? Oh mon dieuuuu, non non non ! Un Eraël lui suffisait amplement, deux c'était une bonne excuse pour le suicide ! Surtout... pourquoi venait-il ici, dans les dortoirs des noirs ? Pourquoi ? C'était exprès pour l'embêter hein ?!

- Hey la fratrie Lavian, c'est de L'AUTRE CÔTÉ le dortoir des blancs.

Pas envie d'être assassiné pendant son sommeil, encore moins par une fille. Oui c'était méchant de sa part ! Mais lui s'en fichait, faire copain-copine avec le frère / soeur / truc du roi blanc c'était absolument HORS DE QUESTION. Déjà que copain-copine avec n'importe qui, c'était dur, mais avec lui ça serait... légèrement utopique. Légèrement. Pfff, à tous les coups c'était un coup de la gamine. Encore une fille bizarrement ! Comme quoi, le sexe féminin le détestait et complotait pour lui rendre la vie infernale.

- Oui.

Alors que la femmelette sort de la pièce, je le suis sans discuter, pour une fois. J'ai pas la tête à le critiquer aujourd'hui. Je suis en terrain inconnu là, donc vaut mieux pas faire n'importe quoi, on sait jamais. Alors qu'on traverse les couloirs, les gens lèvent des regards curieux, insistants, et pas forcément amicaux vers nous. Et à ce moment là, je hais le frérot de me ressembler autant. Certes, ça ne fait pas le même effet sur lui mais faire le rapprochement entre nous deux m'est insupportable.

- Hey la fratrie Lavian, c'est de L'AUTRE CÔTÉ le dortoir des blancs.

Un gars aux cheveux bleus marines se tenait désormais devant nous. Bizarrement, sa tête me disait quelque chose... Mais quoi ? Et en plus il me prenait pour un blanc. Oh mon dieu... On est mal barrés. Bon jevais laisser parler le gringalet pour voir comment il se débrouille, la flemme de m'expliquer.

- Hey la fratrie Lavian, c'est de L'AUTRE CÔTÉ le dortoir des blancs.

Nathan... Purée... Fallait qu'il se pointe à ce moment-là... Non... Pas de méchanceté. Mais même pour moi c'est un véritable défi à ce niveau. Alpha m'a toujours aidé mais cette fois j'avais la désagréable sensation... de revenir dans mon ancienne famille et me prendre la réalité en pleine face alors que je ne voulais plus la voir. Je serre les poings. De nouveau. C'est dans ce genre de situations où j'aimerai vraiment... m'endormir pour ne plus jamais me réveiller.

- Ne t'en fais pas. Vous êtes plus proches au niveau de la personnalité qu'il ne le sera jamais avec moi.

La jalousie... ne m'apportera jamais rien... Alors ma voix ne devrait pas être si sèche et froide en sachant ça. Peut être que ça surprendra Nathan, d'habitude, même à lui, je parle tout gentiment. Ca l'énerve mais j'agis toujours comme ça. Et là toute ma gentillesse a disparu. Je ne souris même pas. A quel point puis-je être perturbé par grand frère Li ?

Mais regarde-le, ce n'est qu'un crétin de plus sur Terre !

Si je pouvais le regarder en face, je pourrais peut être le dire moi aussi. Tu crois que j'y arriverai un jour, Alpha ? Tu es bien la seule à avoir autant confiance en moi. Tu risques d'être déçue. Je suis désolé.

- Puisque c'est ton pion, débrouille-toi avec lui.

Ce n'est vraiment pas mon genre de larguer qui que ce soit comme ça mais je ne veux plus qu'une chose : m'enfuir loin d'eux, retrouver ma petite vie rêvée. Alors j'abandonne mes bonnes manières habituelles, exceptionnellement et qu'ils s'en contentent. Je ne peux pas faire autrement, rester ici une seconde de plus ne peut que me rendre malade, m'agacer et peut être même me rendre méchant.

Eraël serra les poings à la vue du roi noir, ce qui fit légèrement tiquer ce dernier. Eh oh, sa remarque n'était pas "sensée" être méchante ! Ou alors, entendre les mots "fratrie Lavian" l'énervaient vraiment. Bizarre, pour un blondinet que le jeune homme avait toujours connu calme et... souriant et... niais.

- Ne t'en fais pas. Vous êtes plus proches au niveau de la personnalité qu'il ne le sera jamais avec moi.
- Justement, cracha-t-il

Contrairement à ce que pensaient un bon nombre de gens, il savait bien qu'il était un 'tit peu difficile à vivre. Un peu. Bon d'accord, il se savait exécrablement chiant. Mais il ne faisait rien pour améliorer la chose. Pire, lui ça l'amusait d'embêter les autres. L'ironie, le sarcasme, tant de choses qui faisaient partie intégrante de son être. Alors l'idée de supporter des gens comme lui, non. Impossible, ça finirait sûrement en meurtre, sauf si le pion parvenait à prouver sa valeur aux yeux de son roi, fidèle esclave sujet qu'il était.

- Puisque c'est ton pion, débrouille-toi avec lui.
- Tsss.

Mais dites-donc, c'était qu'ils s'aimaient dans leur famille. Limite il y aurait une hache à proximité, quelqu'un se la prendrait en moins de deux. Et pour une fois, ça ne serait pas le roi noir qui serait visé. Ho ho, la vie était forte étonnante aujourd'hui.

- Si t'as un problème avec "le pion" dis-le lui en face et maintenant, n'attends pas mille ans que la situation empire, pensa le roi noir en croisant les bras

Nathan, conseiller conjugal à votre écoute. Il comprenait parfaitement qu'on puisse se détester entre frères, mais ça n'arrangerait rien du tout si l'un des deux fuyait continuellement l'autre, n'ayant jamais la force de s'imposer. Justement, le jeune homme n'aimait pas ça. La fuite, la lâcheté, tant de choses qui l'irritaient au plus haut point. Alors si le roi blanc continuait de se défiler et de laisser tout en plan, Nathan se chargerait personnellement de l'attraper par le col et de l'obliger à s'imposer.

Naturellement, si Eraël se faisait frapper par l'autre au passage, le roi noir prendrait sa défense. Naturellement. Oui bon, il serait plutôt du genre à les regarder se chamailler gentiment avec des chips à côté. Même s'il n'aimait pas à ce qu'on s'en prenne à plus faible que soi, surtout si l'adversaire n'avait vraiment aucune chance. Là, il pourrait se mettre à frapper lui aussi, mais pas avant. Pas alors qu'il risquerait d'abimer sa sublime coiffure, non mais.

- Le pion, ta chambre est là-bas, fit-il en indiquant une direction au hasard

Façon polie de dire à quelqu'un de dégager, aucunement rabaissante ou dévalorisante. Puis un pion, c'était pourrave comme pièce, ça ne servait strictement à rien !

Spoiler:

- Ne t'en fais pas. Vous êtes plus proches au niveau de la personnalité qu'il ne le sera jamais avec moi.

- Justement, cracha-t-il

- Je te le ferais pas dire...

Je dis ça pour les deux remarques, hein. Parce que si le gars qui était en face de lui était exécrable, ils n'allaient sûrement pas s'entendre. De toute façon, j'ai pas envie d'être un gentil petit pion qui fait lèche bottes au roi. Hors de question, jamais de la vie je ne me rabaisserai à ce niveau. Et puis que je sois pion ne changerait rien. Je n'irai pas me soumettre.

- Puisque c'est ton pion, débrouille-toi avec lui.
- Tsss.
- Tsss...

Pion... Il allait voir si le pion il allait obéir sagement. Saleté de fillette. Tiens, tout d'un coup j'ai une envie de meurtre et mettre son poing dans la tronche à un imbécile.

- Le pion, ta chambre est là-bas, fit-il en indiquant une direction au hasard.

Ou autrement "dégage, tu me soûles j'ai pas que ça à faire de m'occuper de toi".

- Le pion a un nom. Et c'est Liam.

'Aime pas quand on me marche dessus. Volontairement ou non. Alors sans demander mon reste, je passe à côté du gars et me dirige vers l'endroit qu'il m'a indiqué.

Spoiler:

- Le pion a un nom. Et c'est Liam.

Cool, mais lui s'en contrefichait de son prénom au pion. C'était un pion, un gens en bas de l'échelle de rapport de force, alors que le roi noir, lui, était touuuuut en haut. Donc si le pion voulait rester entier, il se tairait et resterait à sa place de microbe. Et Nathan à sa place de dieu, ainsi allait la vie.

- Tu veux un autographe tant qu't'y es le pion ?

Il avait beau avoir un prénom, c'était trop valorisant d'appeler les gens comme ça. Rabaisser les gens au contraire, c'était plus cool. Bref, après un dernier regard au pion qui se dirigeait dans la mauvaise direction - merci qui, merci Nathy -, le roi noir soupira et, passant une main dans ses cheveux si sublimes - absolument pas narcissique - pour les recoiffer, il se remit en marche, pour gagner l'extérieur. Car au final, fallait p'têt qu'il retrouvât la reine noire, c'était d'un relou les gamins qui venaient vers lui au moindre problème...