A la clair fontaine

Après avoir visité sa chambre, Lise était ressorti pour visiter. Elle avait couru au hasards des couloirs, sa poupée à la main et elle venait de déboucher dans une cour extérieure. Elle avait freiné brusquement devant cet espace encore plus silencieux que le reste du bâtiment.
Il n'y avait pas vraiment de pièces ici et elle avança doucement jusqu'à la fontaine. L'eau faisait ce jolie petit bruit. Elle aimait bien le bruit de l'eau, et, posant Maria sur le bord de la fontaine, elle passa sa main dans l'eau, émerveillée.
Un bruit attira son attention et elle se retourna brusquement, faisant accidentellement tomber sa poupée dans l'eau.
Le bruit du contact entre le jouer de la petite fille et la surface de l'eau résonna un instant dans le silence, avant qu'il ne soit à nouveau troublé par Lise qui tentait de la récupérer.
Elle avait d'ailleurs pu aperçevoir l'oiseaux qui avait fais le bruit qui avait attiré son attention.

Alice était réveillée. Ce n'était pas très fréquent et si elle le pouvait, sans doute s'enfermerait-elle éternellement dans ses rêves, mais elle devait malgré tout s'occuper de son corps. Cela signifiait manger, boire, et marcher un peu pour ne pas rouiller ses muscles. Des choses courantes pour les autres, un calvaire pour la petite fille. Cependant, elle n'avait pas le choix: elle avait découvert que si elle négligeait ses besoins vitaux, elle se faisait éjecter de force de ses rêves. A croire qu'ils souhaitaient prendre soin de leur reine...

Après être passée à la cafétéria, elle décida de se rendre dans la cour extérieure quelques minutes puis de repartir dans sa chambre. Malheureusement, elle s'aperçut en y pénétrant qu'elle n'était pas tout à fait seule. Il y avait une autre fille qui semblait avoir à peu près le même âge qu'elle mais qu'Alice n'avait jamais vue avant (en fait, elle n'avait pas vu grand monde depuis son arrivée). Elle se demanda pourquoi est-ce qu'elle était penchée sur la fontaine. Après une hésitation, la curiosité l'emporta et elle s'approcha pour se rendre compte qu'une poupée qui devait lui appartenir était tombée dans l'eau. L'autre tendait le bras pour essayer de l'attraper mais de toute évidence, cela ne marchait pas.

Alice n'était pas une gentille fille, c'était une certitude. Mais Alice aimait les poupées et ne voulait pas que celle-ci reste dans l'eau. Alors elle s'approcha et, ayant de plus longs bras que la fille, réussit sans peine à la sortir de là.

-Pourquoi tu l'as fait tomber dans la fontaine? demanda-t-elle d'une voix calme et un peu curieuse à la fille sans lui rendre la poupée dégoulinante d'eau.

Elle vit un bras passer devant elle et attraper Maria. La jeune fille releva la tête et regarda la fille qui tenait la poupée.

- Pourquoi tu l'as fait tomber dans la fontaine ? lui demanda la file... Sans lui rendre sa poupée !
- Merciiiii !! Tu peux me la rendre s'il te plais ? J'ai pas fais exprès de la faire tomber !

Lise regarda la fille avec ses grands yeux, avant de ne fixer que sa poupée. La fille étant plus grande qu'elle, elle espérait qu'elle lui rendrait sa poupée sans problème. Parce qu'il fallait t la sécher ! Et pis la recoiffer aussi.
Et après elle irait voir Alpha ! Enfin non parce qu'elle ne savait pas où elle était... mais elle continuerait sa visite !

Relevant la tête de l'eau, la fille la regarda avec ses grands yeux bleus puis tourna son regard vers sa poupée.

- Merciiiii !! Tu peux me la rendre s'il te plais ? J'ai pas fais exprès de la faire tomber !

Alice l'observa quelques secondes sans mot dire. La lui rendre? Si elle était aussi maladroite pour faire tomber sa poupée dans la fontaine, qui sait ce qui lui arriverait la prochaine fois! Mais en même temps, si elle ne lui rendait pas, elle risquerait de s'énerver -ou pire, de se mettre à pleurer- et cela retarderait le moment où elle irait se coucher. La petite fille prit la poupée dans ses deux mains et regarda son visage attentivement.

-Elle est jolie, dit-elle l'air impassible. Tu n'aurais pas du la faire tomber. Si elle t'était vraiment précieuse, tu aurais fait plus attention. Moi, si je la garde, il ne lui arrivera aucun mal. Et si je la gardais, tiens?

Comme je l'ai dit plus tôt, Alice n'est pas quelqu'un de gentil. Mais elle n'est pas méchante pour autant. A cet instant, elle pensait juste à la poupée. Elle aimait beaucoup les jouets et n'aimait pas les abimer. Peut-être parce que la seule peluche qu'elle ait jamais eu (en vérité, un simple lapin rapiécé de partout qu'elle avait trouvé dans une décharge) avait finit jetée dans les flammes par sa mère. Elle regarda l'autre fille, avec son air joyeux et insouciant, et se dit qu'elle, elle ne devait sans doute jamais avoir vu l'un de ses jouets dans le feu sous prétexte qu'ils devaient économiser du bois.

Elle regarda la fille prendre sa poupée dans ses deux mains et la regarder.

- Elle est jolie. Tu n'aurais pas du la faire tomber. Si elle t'était vraiment précieuse, tu aurais fait plus attention. Moi, si je la garde, il ne lui arrivera aucun mal. Et si je la gardais, tiens?

Bien sûr qu'elle était jolie ! C'est sa maman qui lui avait acheté ! Mais... Garder Sa poupée ? ... Même pas en rêve !
Le regard de la fillette se durcit et elle changea totalement d'attitude.

- Rend la moi. Tout de suite. Elle avait parlé sur un ton froid. Sans appelle.

Si elle refusait de la li rendre, elle se battrait. Hors de question de la lui laisser ! Hors de question de la laisser à qui que se soit d'autre !! C'était ce que lui avait offert sa mère... pas n'importe qu'elle poupée, c'était Maria. C'était Sa poupée. C'était celle que sa maman lui avait offerte. Pour ses six ans. Avant de.... de...
Elle papillonna des paupière, chassant la pensées qu'elle n'avait pas réussi à attraper. Mais c'était quand même sa poupée !

Le regard de la fille en face d'elle changea au fur et à mesure qu'elle comprenait ce qu'Alice venait de dire.

- Rend la moi. Tout de suite, ordonna-elle d'un ton soudainement froid.

Pas impressionnée le moins du monde (il faut dire que la petite fille en face d'elle n'était pas très effrayante, même avec son regard sombre) Alice regarda à nouveau la poupée. Est-ce que l'autre fille voulait la récupérer parce qu'elle tenait à elle ou juste parce qu'elle lui appartenait? Elle songea qu'il s'agissait probablement de la deuxième option, car sinon, elle aurait fait attention à ne pas la laisser tomber dans l'eau. Le terme « maladresse » ne lui effleura même pas l’esprit.

-Ce n’est pas très poli de me donner des ordres alors qu’on ne se connait pas, constata-t-elle lentement tout en s'affligeant du fait qu'elle n'irait pas se coucher aussi vite qu'elle l'avait prévu, bien que rien ne transparaisse sur son visage.

Alice n’était pas non plus stupide. Elle savait que l’autre était en colère et se dit que finalement, ça aurait été plus simple si elle s’était juste mise à pleurer. Ce serait ridicule mais au moins, pas embêtant pour elle. Même si Alice avait reprit du poids, n'importe qui pourrait voir qu'elle était encore plus maigre que la normale. Aussi, la fillette compris rapidement qu'elle devait calmer la situation( même si elle-même était déjà très calme) ou tout du moins, éviter de l'envenimer. Elle n'avait jamais aimé recevoir des coups, même si elle avait eu l'habitude.

-Est-ce qu’elle a un nom ? lui demanda-t-elle, l’air toujours aussi flegmatique que d’habitude, mais un peu curieuse de voir si l’autre savait faire preuve d’originalité.

Et puis, dans le cas où elle serait déjà nommée, et dans le cas où je la garderais, je serais obligée de l'appeler comme ça; après tout, elle ne doit pas avoir envie de changer de prénom sous prétexte qu'elle change de propriétaire, songea Alice.

Pour l'instant, elle n'avait pas envie de lui rendre la poupée, surtout si elle continuait d'être aussi impolie. Mais elle n'était pas non plus sûre de repartir avec.

- C'est pas très poli de me donner des ordres alors qu'on ne se connait pas. Est-ce qu'elle a un nom ?

La fille restait fla... flag... fleg... flegm... Bref, Lise ne se souvenait pas du mot mais en tout cas elle ne montrait pas beaucoup d'émotion.

- Elle s'appelle Maria et je veux que tu me la rende. gronda la fillette sans quitter l'autre fille du regard.

Elle hésitait encore entre lui rentrer dedans et continuer d'insister. La fille étant plus grande il lui sufirait de lever les bras pour que la poupée lui soit hors d'atteinte.

- Elle s'appelle Maria et je veux que tu me la rende, gronda l'autre fillette qui semblait toutefois hésiter à venir la chercher.

-Maria...répéta Alice en regardant de nouveau la poupée. Mouais. On dirait que ce nom lui plait.

Inutile de chercher à comprendre pourquoi elle parlait comme si Maria était quelqu'un de vivant qui ressentait des émotions par rapport à ce qu'il se passait autour d'elle alors qu'il ne s'agit que d'un jouet. Dans ses rêves (autant dire dans sa réalité), les poupées étaient vivantes, et il lui arrivait parfois de prendre le thé avec elles.

La prochaine fois, se promit-elle, j'inviterais Maria à se joindre à nous pour le gouter. Mais pas cette fille, par contre; elle serait bien capable de lui renverser du thé dessus.

-Pourquoi veut-tu que je te la rendes, exactement? demanda-t-elle brusquement en levant les yeux dans le regard colérique de celle en face d'elle.

En même temps qu'elle prononçait cette phrase, elle s'assit sur le rebord de la fontaine car elle n'avait plus l'habitude de rester debout aussi longtemps.

- Maria... Mouais. On dirait que ce nom lui plait. Pourquoi veut-tu que je te la rendes, exactement ?

Elle la regarda légerement surprise qu'elle pose la question, mais ne s'attarda pas dessus.

- Parce que c'est ma maman qui me l'a offert en attendant qu'elle revienne et que c'est mon amie ! Donc tu me la rend !

Si elle ne la lui rendait pas après, c'était décidé, elle lui rentrait dedans... Elle pouvait toujours essayer de pousser la fille dans la fontaine. Oui mais non, parce que sa poupée serait à nouveaux mouillé et qu'il fallait la sécher... En plus elle pouvait attraper froid ! Sa maman disait qu'on pouvait tomber malade quand on était tout mouillé... Et si Maria tombait malade ?! Il y avait un médecin ici ? Et pis les morceau de papiers à donner au médecin, il y en avait aussi ?

- Parce que c'est ma maman qui me l'a offert en attendant qu'elle revienne et que c'est mon amie ! Donc tu me la rend !

Alice cligna des yeux, perplexe. Elle attendait que sa mère revienne?

-Mais tu es stupide ou quoi? Nous sommes dans le jeu d'Alpha. Ta mère ne peut pas venir ici et nous ne pouvons pas sortir.

Une mère...Alice repensa soudainement à la sienne et se dit qu'elle était définitivement bien ici: au moins, elle ne pourrait jamais la revoir. Oh, bien sûr, étant abandonnée, jamais sa mère ne la chercherait; et peut-être bien qu'elle avait finit par s’étouffer dans son vomi, finalement. Mais le hasard existe et dans la rue, la fillette aurait pu la croiser. Heureusement, ça n'était jamais arrivé.
Mais la fille avait aussi dit autre chose. Un mot avait retenu son attention: ami. L'amitié, c'est un sentiment réciproque d'affection et de sympathie, selon ce qu'elle avait pu en lire. Alors si la poupée était son amie, elle devait bien aimer cette fille; et si elle aimait bien cette fille, elle ne voudrait pas en être séparée. Alice soupira. Maria avait vraiment des gouts étranges, mais c'était son choix.

-Enfin, je suppose que je pourrais toujours l'inviter à prendre le thé plus tard., lâcha-t-elle songeusement. Tiens, reprends là, et sèche la vite: je n'ai pas envie d'attraper son rhume la prochaine fois que nous nous verrons, dit-elle en posant la poupée sur le rebord de la fontaine.

- Mais tu es stupide ou quoi? Nous sommes dans le jeu d'Alpha. Ta mère ne peut pas venir ici et nous ne pouvons pas sortir.
- Menteuse !!! Ma maman elle viendra me cherche n'importe où pour m'emmener avec elle dans le cial ! Et être dans un jeu ou pas ça veut rien dire !! Parce que Maria elle va même venir avec nous ! Et qu'on vivra tous dans le ciel et que tu es une menteuse !! cria la gamine.

Elle vit la fille poser sa poupée sur le bord de la fontaine en parlant mais elle ne comprit que les premier mots.

- Enfin, je suppose que je pourrais toujours l'inviter à...

Lise s’empara de sa poupée la serrant un instant contre son coeur, soulagée de la récupérer. Elle enleva ensuite sa veste et enroula Maria dedans. Elle se dépêcha ensuite de la frictionner doucement, comme sa maman le faisait quand elle sortait du bain. Et elle commença doucement à chantonner une chanson.

- "À la claire fontaine
M’en allant promener
J’ai trouvé l’eau si belle
Que je m’y suis baigné

Il y a longtemps que je t’aime,
Jamais je ne t’oublierai.

Sous les feuilles d’un chêne,
Je me suis fait sécher.
Sur la plus haute branche,
Le rossignol chantait.

Il y a longtemps que je t’aime,
Jamais je ne t’oublierai.

Chante, rossignol, chante,
Toi qui as le cœur gai.
Tu as le cœur à rire…
Moi je l’ai à pleurer.

Il y a longtemps que je t’aime,
Jamais je ne t’oublierai.

J'ai perdu mon amie
Sans l'avoir mérité.
Pour un bouquet de roses
Que je lui refusai…

Il y a longtemps que je t’aime,
Jamais je ne t’oublierai.

Je voudrais que la rose
Fût encore au rosier,
Et que ma douce amie
Fût encore à m'aimer.

Il y a longtemps que je t’aime,
Jamais je ne t’oublierai."

Cette gamine pensait vraiment que sa mère viendrait du ciel jusqu’au monde d’Alpha ? Stupide. Illogique. Naïf. Mais en même temps, c’était le rêve de cette fille. Et Alice ne se moquait jamais des rêves des autres. C’est pourquoi elle ne releva pas ; mais étant donné qu’elle s’était faite traitée de menteuse, jamais elle n’userait son pouvoir pour rendre son désir réalité. Peut-être même qu’elle pourrait lui en faire un cauchemar si jamais elle s’ennuyait.

Dès qu'elle posa Maria sur la fontaine, la fille, sans sembler l’écouter véritablement (quoiqu’Alice s’en moquait car il s’agissait principalement de réflexions qu’elle s’adressait à elle-même) se jeta sur la poupée et la serra longuement contre son cœur, une expression soulagée sur le visage. Mais, n’étant pas aussi stupide que la rêveuse le pensait au début, elle la frictionna ensuite dans sa veste pour la sécher sommairement ; apparemment, songea Alice, elle est plus attentionnée que je ne le croyais.
Mais maintenant, elle était fatiguée. Cette discussion l’avait ennuyée et elle ne désirait qu’une chose, retourné s’amuser dans ses rêves. Car la réalité n’était jamais bien drôle. Au moins, là-bas, les possibilités étaient infinies, et…

Elle fut interrompue dans le cours de ses pensées quand l’autre commença soudainement à chanter. Cet air évoqua vaguement quelque chose à Alice, sans qu’elle puisse toutefois mettre la main dessus. Les seules comptines qu'elle avait entendues étaient celles qu'elle avait appris les rares fois où elle était allée à l'école. Mais quoiqu’il en soit, pourquoi est-ce qu’elle s’était mise à chanter? Après une courte réflexion, elle haussa finalement les épaules : aucune importance. Elle se fichait de comprendre les motivations de cette fille, car tout ce qui importait, c’était de retourner dans son monde au plus vite.
Elle se leva et s’étira légèrement puis, une fois la chanson terminée (car il était malpoli d'interrompre quelqu'un), dit simplement à l’autre gamine :

-Au revoir.

Et comme la politesse exigeait de rajouter quelque chose en plus en rapport avec leur rencontre, elle rajouta :

-Si jamais tu vas dans le ciel, on s'y croisera sûrement un jour où l'autre. J'aime bien y prendre le thé de temps à autres.

Puis elle fit demi-tour et se dirigea vers l'entrée du bâtiment, son esprit voguant sur ce qu'elle allait bien pouvoir accomplir dans ses rêves, une étrange comptine à propos d'une fontaine dont elle ne se rappelait déjà plus l'origine dans la tête.

- Au revoir. Si jamais tu vas dans le ciel, on s'y croisera sûrement un jour où l'autre. J'aime bien y prendre le thé de temps à autres.

Elle tourna la tête vers elle. Il y avait des salon de thé dans le ciel ? Elle n'avait jamais bu de thé.

- Au revoir.

Elle la regarda partir avant que le ciel ne se couvre soudainement. Elle leva son visage en direction du ciel et une première goutte d'eau tomba su sa joue. D'autre petites gouttes se mirent subitement à tomber et elle cour, en manquant de tomber parce que le sol était devenu glissant, jusqu'au bâtiment.
En arrivant à l'abri, elle était trempé et elle ouvrit les bras, regardant sa poupée qui ne semblait pas avoir était touché par la pluie, ce qui la soulagea.
Elle observa le couloir. C'était bien beau d'être venu ici, mais maintenant il fallait repartir et elle ne savait pas quel couloir empreinter.