[Libre] Bonhomme de neige, mon ami...

HRP:

Cela faisait deux heures qu'Ilyasviel restait assise sans bouger au milieu du verger. Il y avait pleins de fruits ici, mais rien n'intéressait l'enfant qui ne souhaitait qu'une seule chose, sortir pour retrouver sa vie. En plus elle n'avait rencontré personne pour jouer et se sentait plus seule encore que quand elle était enfermée dans son manoir. Elle soupira un bon coup. La neige qui tombait autour d'elle s'était accumulée en une couche assez impressionnante sur toute l'étendue du verger. L'enfant se leva, prit de la neige dans le creux de ses petites moufles violettes et façonna une boule. Lorsqu'elle eut une forma à peu près correcte, elle rajouta sur les contours encore de la neige, et quand la taille fut assez importante, elle déposa la boule au sol et commença à la faire rouler. Elle grossissait au fur et à mesure qu'elle avançait, dans un bruit de flocons qui se craquaient. Elle aimait bien se bruit, il était réconfortant. Bientôt, la boule arriva à la hauteur du torse de la petite. Elle recommença la même opération avec une autre boule de neige. Elle la fît légèrement plus petite puis la posa sur la première boule. Elle rajouta de la neige pour l'agrandir un peu, et pour fixer la tête à ce qui ressemblerait à un corps d'un être glacé. Une fois cela fait, elle courut jusqu'à un arbre et détacha deux petites branches basses avant de les planter de chaque coté de son bonhomme de neige pour faire des bras. Elle récupéra quelques fruits tombés des arbres, étant trop petite pour atteindre les branches garnies de fruits, et s'en servit pour faire yeux, nez, bouche et boutons. Voilà, son œuvre était maintenant finie. Elle sautilla autour de l'homme gelé et rigolant.

- Youpiii! Ce que tu es beau!!!

Elle recommença alors à rouler des boules, dans le but de faire une famille à son ami de neige, sans voir qu'elle n'était pas seule.

La fraîcheur. Le froid. Des sensations connues, rassurantes. On racontait souvent qu'il faisait froid en Angleterre mais en Russie... C'était le must. Peut être que j'avais le sang trop chaud à l'intérieur pour supporter les températures trop hautes à l'extérieur. En tout cas, j'étais une des rares personnes aimant vraiment le froid. Le frais. Le vent glacial qui vous fait remonter des frissons tout le long du dos. Ca m'apaise. Et ! Je pourrais presque me montrer gentille dans ces moments-là. Peut être que le jour où j'ai vu Eraël, au bord du toit de cette boîte de nuit inutile, il faisait froid. Mmh. Bonne question. J'étais trop défoncée pour m'en rappeler. Mais peu importe.

J'aime vraiment le froid.

- Youpiii ! Ce que tu es beau !!!

Et c'est pour ça que lorsque Eraël est parti faire l'accueil d'une énième pièce blanche, je suis sortie. Je pensais vraiment m'allonger quelque part dans les plaines, à l'écart comme d'habitude. Mais j'ai eu faim et quand je suis arrivé, les lieux étaient d'un blanc immaculé magnifique. Donc finalement, je suis assise dans la neige, au pied d'un arbre et en train de manger une pêche givrée. Face à la jeune fille qui s'amuse avec son bonhomme de neige. J'ai le doux souvenir de Lyov en la voyant faire. Donc je reste silencieuse et ne fait pas de commentaire désagréable, si bien qu'elle ne me voit pas.

A quel moment va-t-elle se rendre compte qu'elle n'est pas toute seule ? Je parie sur... 20 secondes... 20... 19... 18...

HRP:

Ilya continuait de jouer à faire des bonshommes de neige quand elle aperçut quelqu'un. Une personne était allongée dans la neige et mangeait. Timidement elle se cacha derrière sa première œuvre et pencha légèrement la tête pour observer plus attentivement la femme qui l'avait déjà repérée. Et comme qu'elle était appuyée contre la sculpture de neige, celle-ci commença à pencher dangereusement vers l'avant puis s'écroula en emportant la petite fille qui se retrouva la tête dans la neige. L'enfant secoua ses pieds un moment avant de réussir à se dégager et à se relever. Elle secoua un peu la tête pour enlever la neige de son visage, bien que certains flocons ne semblaient pas vouloir se déloger de ses cheveux de la même couleur. A petits pas elle s'avança vers la personne et s'arrêta à deux mètres d'elle, les yeux brillants.

- Oh! Tu es sublime...

En effet c'était une magnifique femme blonde, dommage que ses traits soient si sévères, un sourire la rendrait radieuse. Ilyasviel regardait avec beaucoup d'admiration cette inconnue, en tenant ses mains dans son dos et se balançant d'avant en arrière sur ses pieds bottés. Elle remarqua la pêche qu'elle mangeait et se rendit compte qu'elle avait un petit creux. Elle entreprit alors de chercher un fruit, mais aucune branche n'était assez basse pour qu'elle puisse y attraper un fruit, et ceux qui étaient au sol n'était pas appétissant. Elle sautait donc, le plus haut qu'elle pouvait pour essayer d'attraper ce qu'elle voulait en vain.

Spoiler:

- Oh ! Tu es sublime...

Je penchais légèrement la tête sur le côté, mon petit sourire en coin habituel revenant petit à petit sur mon visage, étouffant un petit rire comme je pouvais. Cette petite était... franche. Bien que ce soit un compliment, il avait été dit de manière si spontané... J'étais à deux doigts d'éclater de rire. Si elle m'avait vu avec mes yeux rouges, mon air de shootée et mes cheveux décolorés, elle aurait sans doute eu un tout autre avis. Le même que celui de toutes les autres personnes, pour être clair.

De toute manière, plaire aux autres me paraissait désormais bien futile, surtout que la beauté n'était pas la première chose qui attirait les gens contrairement à ce que pensait la plupart des gens. Les comportements, le charisme, avaient plus d'impact. La seule chose qui m'empêchait donc de rire à gorge déployée était sa façon de me fixer droit dans les yeux. Durant quelques secondes, le silence était le plus complet et j'eus presque l'impression que nos âmes communiquaient tacitement. Mais ça ne dura qu'un instant fuguasse, ces moments si courts qui vous font croire ensuite que vous l'avez rêvé.

La petite semblait désirer goûter à son tour un de ces fruits qui mûrissaient jusqu'à l'apparition de la neige. Mais, trop petite, elle ne risquait pas d'atteindre ne serait-ce que la plus basse des branches de ces grands arbres. Heureusement, l'une d'entre elle céda et libéra un ou deux fruits qui se déposèrent sur la neige comme sur un plateau. Coïncidence ? Disons qu'un étrange changement de température a peut être fait céder la branche parce que j'étais de bonne humeur.

Mais c'est un secret. Chut.

- La neige est belle.

Une remarque non désagréable de ma part. Je progresse comme dirait Eraël.

Enfin, une branche céda deux fruits et l'enfant, tout sourire les ramassa en chassant du doigt la neige qui les avait partiellement recouvert. Elle croqua dans l'un avec gourmandise, laissant le jus couler sur son menton.

- La neige est belle.

Elle regarda la femme avec amusement puis s'assit près d'elle en lui tendant le deuxième fruit. Ses yeux bordeaux faisaient moins peur qu'habituellement, décorés du doux sourire qu'avait Ilya à cet instant. L'inconnue aussi souriait, un sourire en coin qui la rendait ravissante. Comme sa maman. Même si sa maman avait plutôt un sourire doux et chaleureux, étrangement, elle ressentait la même chose en voyant cette femme.

- Oui oui, tu as raison! Elle est apaisante.

Elle avait un petit air en tête et même assise, elle sautillait sur place au rythme de sa chanson. Finalement elle commença à le chantonner de sa voix cristalline. Elle passa quelques minutes ainsi puis s'arrêta soudainement. Elle ne souriait plus et regardait au loin, à l'horizon. Peut-être était-ce un mur de la boîte. Elle parut soudainement triste.

- ... Tu viens d'où toi?

Elle la fixa à nouveau mais plus sérieusement cette fois. Elle ramena ses genoux contre sa poitrine et les entoura de ses bras.

- Tu sembles être une femme de caractère. Tu acceptes que la ptite peste t'enferme?

Bien sûr qu'elle parlait d'Alpha. Il n'y avait personne d'autre qui pouvait mériter un tel nom. D'ailleurs elle ne s'était toujours pas manifestée malgré les nombreuses provocations d'Ilyasviel. Patiente la gamine.

La jeune femme renifa et se frictionna le bout du nez. Cela en faisait des paquets de neige, et ses joues commençaient à prendre une jolie teinte rouge. Pourtant, elle ne semblait pas vouloir bouger de l'endroit où elle était assise, plus en retrait que les deux autres filles. Un jeu de cartes se trouvait entre ses fins doigts gercés, et Esthelle s'amusait à les retourner et les mélanger à nouveau, dans une ronde insatiable.

- Valet de coeur.

A vrai dire, elle semblait plus réfléchir que jouer, comme les personnes qui avaient besoin d'un contact manuel pour mieux penser, pour les rassurer. Machinalement, elle observait les deux jeunes filles discuter plus loin, sans que son visage ne trahît ses émotions. En réalité, à part pour Lise, elle n'était pas sûre que les gens d'ici l'intéressaient, du moment qu'elle pouvait jouer aux cartes et réfléchir en même temps.

- Dame de coeur.

Voir la petite fille déclarer un semblant de critique envers Alpha lui tira un long soupir de lassitude. On aurait dit Lise mais en plus méchante, quoiqu'il ne fallait pas trop se fier aux apparences. Elle paraissait aussi plus mature que la petite, trop mature pour son âge. Depuis quand les petites filles y connaissaient quelque chose en "femmes de caractère" ?

- Roi de...

La jeune fille s'arrêta en retournant la carte, tirée de sa rêverie par une pensée soudaine. Elle rassembla rapidement ses cartes, les glissa dans une poche de sa veste et se leva en direction des deux interlocutrices. Le visage toujours aussi neutre. Esthelle s'approcha d'elles sans se cacher, avant de s'asseoir à son tour dans la neige, face à elles.

- Tu ne devrais pas la juger aussi rapidement, petite. Elle a ses raisons.

Raisons que tout le monde ignorait, mais passons sur ce détail.

En la voyant s'asseoir à côté de moi, je la regardai comme si elle venait de me jeter sa bouffe à la figure. Qui l'a autorisé à se mettre là ?! Bon... Je ne vais pas faire d'histoires pour rien... Ca m'embêterait de m'énerver pour des broutilles alors que je me sens si bien dans ce paysage de froid, de silence... de calme. Ce serait tellement stupide de tout gâcher que je me promis intérieurement de m'efforcer... à rester calme. Rare moment de ma vie où je ferai un effort, profitez-en. Mais n'abusez pas trop non plus, mes limites sont vite atteintes... Même très vite. Trop vite.

- Oui oui, tu as raison ! Elle est apaisante. Tu viens d'où toi ?

En temps normal... Je répondrai que ce n'est aucunement ses affaires... Mais apaisante, c'est le mot pour décrire cette ambiance... Si bien que ça m'en rend peut être un peu niaise. J'ai du me faire contaminer par la malade du petit roi. Au secours. Assassinez-moi si je deviens comme ça. Même si y a encore du chemin... C'est clair.

- Russie. Moscou.
- Tu sembles être une femme de caractère. Tu acceptes que la p'tite peste t'enferme ?

Ben ouais, ça te dérange ? Hrm... Gentille on a dit. Ouah. C'est dur. C'est de la torture mentale qu'il s'inflige, l'ange en fait à faire ça tout le temps et avec tout le monde. Quoi que. Ca doit être naturel chez lui. Encore pire !

- J'ai quatre bonnes raisons de rester ici.

Je ne vais pas m'étaler sur ma vie non plus mais c'est clair que j'y suis volontairement. J'aurais tué tout le monde jusqu'à obtenir gain de cause sinon. Sans déconner.

- Tu ne devrais pas la juger aussi rapidement, petite. Elle a ses raisons.

Voilà que Madame aux cartes vient s'ajouter à la conversation... Blanche contre Noire, elles ne seront jamais d'accord alors je ne vois pas l'intérêt d'épiloguer... Donc je mords simplement une nouvelle fois dans mon fruit.

- Russie. Moscou.

Ah quand même! Pas étonnant qu'elle restait allongée dans la neige comme ça. C'était une habituée. Bon, elle n'avait donc aucune raison d'arrêter de la faire tomber. De son doigt elle traça des lignes aléatoirement dans la neige.

- J'ai quatre bonnes raisons de rester ici.

- Ah tant mieux alors.

Elle avait bien de la chance d'avoir quelques prétextes pour rester. Ilya elle ne supportait pas cet endroit. Le vrai monde lui manquait. Même si c'était très réaliste, ça ne restait que de l'illusion ici et elle chercherait à sortir dès qu'elle le pourrait. Puis une autre inconnue se rapprocha. Elle avait des cheveux... roses..? Dire qu'elle pensait avoir un physique hors du commun, cette fille venait de lui montrer qu'il y avait mieux qu'elle. Ou pire, tout dépendait des goûts.

- Tu ne devrais pas la juger aussi rapidement, petite. Elle a ses raisons.

Quoi? C'était à elle qu'elle osait parler ainsi? Elle se leva alors que la neige tombait plus fort et tourbillonnait autour d'elle. Ilyasviel se planta devant le Demoiselle aux cheveux roses et la regarda, impassible. C'était énervant quand elle n'arrivait pas à lire dans le regard de l'autre. Et celle là cachait parfaitement ses émotions.

- Et moi j'ai mes raisons pour la juger comme cela. J'ai le droit de ne pas l'apprécier après ce qu'elle à fait. Si toi tu l'aimes bien, tant mieux pour toi. Moi je veux pas rester là.

Elle gonfla ses joues quelques secondes puis redonna formes normales à son visage. Elle était obligée de lever la tête pour la regarder et ça aussi ça l'embêtait. Elle fit rapidement un petit monticule de neige avant de se percher dessus et sourit en voyant qu'elle était à la même hauteur qu'elle.

- Et je suis pas petite hein! Je suis Ilyasviel! C'est comme si je t'appelais l'échasse. ça fait pas plaisir.

Elle sauta pour descendre de son perchoir improvisé en rigolant doucement. La neige tombait maintenant plus doucement.

- Donc? Comment je dois t'appeler pour pas t'offenser?

La petite fille se leva, visiblement agacée par sa remarque... et son surnom. La neige se mit à tourbillonner autour d'Esthelle, le froid lui brûlant la peau au passage. Mais, sachant pertinemment que la violence ne lui serait utile à rien, encore moins face à ça, elle ne broncha pas.

- Et moi j'ai mes raisons pour la juger comme cela. J'ai le droit de ne pas l'apprécier après ce qu'elle à fait. Si toi tu l'aimes bien, tant mieux pour toi. Moi je veux pas rester là.

La jeune femme la regarda former un monticule de neige pour se trouver à la hauteur de ses yeux bleus. Amusant d'être aussi complexé par sa taille. La pensée lui tira un fin soupir moqueur. Aimer Alpha, non, pas vraiment. Elle ne la détestait pas non plus, elle s'en fichait un peu de la gamine tant qu'elle vivait sa vie.

- Et je suis pas petite hein ! Je suis Ilyasviel ! C'est comme si je t'appelais l'échasse. ça fait pas plaisir.
- Si tu veux, Ilyasviel.

Le surnom employé ne la fit même pas tiquer, elle s'en fichait assez en fait. La petite fille avait beau rire doucement maintenant, son attitude ne changeait pas. La jeune femme croisa les bras et baissa la tête. Donner des surnoms aux autres n'était pas tellement une habitude à elle, plutôt formelle sur les bords. Puis en plus, elle n'était pas si grande que ça.

- Donc ? Comment je dois t'appeler pour pas t'offenser ?
- Contrairement à toi, on ne m'offense pas aussi facilement.

Elle fit une courte pause pour accentuer ses propos, avant de se mettre à esquisser diverses formes abstraites sur la neige. Non vraiment, que la petite l'offusquât ou non d'un surnom lui importait peu. Ce n'était pas le nom qui faisait la personne, c'étaient ses choix.

- Mais si tel est ton souhait, tu peux m'appeler Esthelle... avec un h, conclut-elle comme si cette lettre avait la capacité de changer la face du monde

- [...] Je suis Ilyasviel ! [...]

En fait, tout le monde a un nom spécial ici. Entre Eraël, Ily... Ilyas... viel... Et le reste, c'est un peu compliqué. Je me demande si j'ai déjà rencontré la fille aux cheveux roses qui se disputait à présent avec la petite fille. Peut être. Peut être pas. J'oubliais très souvent les gens et leurs prénoms alors elle ne me disait rien de toute façon. Mais c'était pas super important. Les deux jeunes femmes étaient maintenant trop prises dans leur dispute pour s'intéresser à autre chose. Et comme je n'avais pas envie de perdre mon temps à ça, je n'allai pas participer.

- Esthelle... avec un h.

Aaaaah ! Siiii ! J'en ai entendu parler ! Une musicienne. Era m'en avait parlé, jusqu'au moment où j'avais décrété que sa vie ainsi que celle d'une totale inconnue, je m'en foutais royal et qu'il s'était tu. Une nouvelle fois. Il se taisait quand j'en avais envie. Il comblait le vide quand j'en avais envie. Mais pour le coup, je me demandais ce qu'il savait sur elle. Pas grand-chose, sans doute. Mais apparemment, elle était neutre. Ni spécialement méchante ni même spécialement ~~sotte~~ gentille.

Finissant mon fruit, je léchai le jus qui commençait à couler sur le bout de mes doigts, puis partis m'en chercher un autre sur un arbre plus éloigné. Les longues discussions et échanges de point de vue ne m'ennuyaient. Moi quand je n'étais pas d'accord avec quelqu'un, je ne tentais jamais de le faire changer d'avis. Et si je voulais vraiment qu'il change d'avis, je ne m'y prenais pas de front. Les autres se sentent attaquer dans ces cas-là et n'en viennent jamais à épouser notre avis. Pourquoi s'ennuyer dans une conversation sans issue ? Je ne comprendrai décidément jamais les autres...

- Contrairement à toi, on ne m'offense pas aussi facilement.

Ah c'était bien ça, Ilya se connaissait peu patiente alors employer un surnom sur elle l'embêtait beaucoup. Surtout avec tout ce que lui rabâchait sans cesse ses gouvernantes. Soit un peu plus respectueuse Ilyasviel! Brrr. Elle avait fini par devenir comme celles qu'elle considérait un peu comme ses geôliers.

- Mais si tel est ton souhait, tu peux m'appeler Esthelle... avec un h.

Elle sourit de toutes ses dents.

- Enchantée Esthelle Avècunhache. C'est quoi ce nom compliqué encore??? Tu aimes la neige toi aussi pour rester ici?

Elle avait légèrement remarqué, légèrement, que son interlocutrice n'était pas très commode. Peu importait, elle engageait la discussion avec qui elle voulait, et si on lui répondait pas, bah c'était tant pis et elle chercherait meilleur orateur. Elle se retourna pour observer les mouvements de la blonde qui semblait se désintéresser totalement de la conversation. Elle faisait bien d'ailleurs, elle n'y aurait trouvé aucun intérêt à participer. En plus elle semblait autant aimable que la jeune fille. Elle les regarda tour à tour, sans vraiment savoir comment s'y prendre avec pareil femmes. Elle frissonna. C'était toujours mieux que de n'avoir rencontré personne non? Elle redevînt un peu plus sérieuse et s'adressa de nouveau à Esthelle.

- Diiiiis tu sais comment on sort d'ici toi?

HRP:

La seconde femme semblait totalement se désintéresser d'elles et se contentait de manger. Puis celle-ci se leva pour chercher un nouveau fruit. D'un simple coup d'oeil, Esthelle savait qu'elles ne seraient jamais amies. Juste... de l'indifférence, avec un fond de mépris.

- Enchantée Esthelle Avècunhache. Tu aimes la neige toi aussi pour rester ici ?
- Sans plus.

D'ailleurs, pourquoi était-elle ici déjà ? Ce n'était sûrement pas pour le paysage d'un blanc immaculé, encore moins pour faire de nouvelles rencontres. Le... hasard ? Non, elle ne croyait pas à ce genre de chose, encore moins au hasard.

- Diiiiis tu sais comment on sort d'ici toi ?
- Non.

Tsss, elle ne savait vraiment pas se servir de sa tête celle-là. Cela semblait évident pourtant, que seule Alpha pouvait les faire sortir. La gamine n'aurait pas été assez idiote pour créer une sortie de secours à l'intérieur de la boîte, à qui aurait-elle pu servir ? La jeune femme croisa les bras et détourna le regard, un sourire franchement sarcastique sur ses lèvres. Elle n'avait vraiment aucune envie de le lui dire, elle préférait que la petite y réfléchît d'elle-même.

- Mais elle le sait.

Elle n'ajouta rien de plus, laissant la petite imaginer ce qu'elle voulait. En particulier sur l'identité de "elle" en question, et surtout sur la véracité de ses propos. Ah, le bluff.

Spoiler:

- Diiiiis tu sais comment on sort d'ici toi ?

Ah les pièces noires... Toujours bloquées sur cette question existentielle de leur minable existence... Même si la petite me semblait plus sympathique, elle restait humaine, hein. Comme nous tous. On était tous centrés sur un objectif. Mais bon chez les noirs, ça devenait viscéral cette envie de revenir à leur vie d'avant. Je me demandais ce que les autres trouvaient de bien au monde réel. Certes. Tout le monde n'était pas comme moi, d'accord, il existait de meilleure réalité. Mais tout de même. Est-ce que leur ancienne vie était si belle ? Quelle chance pour eux... Même s'il ne la possédait plus maintenant, c'est vrai. Quelque part, j'étais chanceuse, aussi.

- Non. Mais elle le sait.

Oui ça c'est sûr, Alpha le savait, elle. En fait, il y avait pas mal de monde qui était au courant mais comme c'était les dernières personnes avec qui on se liait d'amitié ou à qui on songeait à poser la question, ben aucun noir n'arrivait à le savoir. Et de toute façon, je n'étais pas la seule qui mentirait si on me demandait si je savais comment sortir d'ici. Maligne la petite Alpha. Elle sait comment se faire respecter. Respect moi j'dis.

- Qu'est-ce qui te manque tellement de la vie réelle ? C'est rarement tout rose là-bas.

Ouais. Je m'intéresse à la vie de quelqu'un, c'est une première et peut être bien une dernière. La neige, je vous dis. La neige.

- Sans plus.

... Mais...

- Non.

... MAIS! Plus désagréable qu'elle c'était possible? Pourquoi elle tombait sur des personnes aussi peu sympathiques? Elle voulait pleurer. Déjà des larmes apparaissaient aux coins de ses yeux. Ses fines lèvres commençaient à trembler tant elle se sentait malheureuse. C'était pas juste. Elle était enfermée dans une boîte par une peste, et les gens à l'intérieur ne l'aimaient pas et étaient désagréable avec elle. Elle ne releva même pas quand la fille aux cheveux roses ajouta :

- Mais elle le sait.

Pour elle il n'y avait aucun espoir, elle était prisonnière de cette petite égoïste. Et elle devrait se cacher pour ne pas à avoir à supporter la mauvaise humeur des autres. Elle marchait en direction de son bonhomme de neige tombé et recommença à se faire des amis de neiges, puisqu'ils étaient les seuls à l'apprécier même s'ils ne pouvaient pas parler. Puis la femme blonde s'adressa à elle.

- Qu'est-ce qui te manque tellement de la vie réelle ? C'est rarement tout rose là-bas.

Elle le regarda sans sourire alors qu'une petite larme coulait sur sa joue. Elle l'essuya, agacée et souffla pour toute réponse :

- Ma maman. Et mon papa. Le château, les gouvernantes. La vraie neige.

Une fois l'homme de neige reconstruit, elle le regarda et étrangement, elle avait l'impression que même la sculpture lui en voulait. Enragée, Ilyasviel donna un coup de son petit point dans la tête du bonhomme qui s'effondra. Tête baissée, poings serrés, elle commençait à trembler.

- Qu'est-ce qui vous manque pas...?

Spoiler:

Déjà, la petite commençait à pleurer et déjà, la jeune canadienne s'en voulait. Se mordant légèrement les lèvres, elle trouvait que finalement, se taire complètement était la meilleure solution. Ne pas parler pour ne pas blesser, ne pas agir pour ne pas faire souffrir. Au final, la peur de faire du mal revenait, mêlée à la culpabilité, et la jeune femme ferma les yeux pour dissimuler cette envie incessante de fuir face à ce qu'on attendait d'elle.

- Qu'est-ce qui te manque tellement de la vie réelle ? C'est rarement tout rose là-bas.

Comme ses cheveux. Esthelle prit entre ses fins doigts une de ses mèches à la couleur excentrique tout en contemplant les différents nuances de rose qui s'en dégageaient. Elle aimait bien cette couleur, qui mettait en évidence son joli visage, mais c'était surtout pour essayer de donner de la couleur à sa vie en noir et blanc, rien de plus. Comme pour fuir un jeu d'échecs, où elle ne serait que la première pièce sacrifiée pour le bien d'autre.

- Ma maman. Et mon papa. Le château, les gouvernantes. La vraie neige.

Un père, une mère, un foyer, des gens qui la chérissaient. La jeune femme se sentit soudainement opposée à la petite fille, sur à peu près tous les domaines. Ce qui lui fit tirer un long soupir de lassitude. La dernière phrase l'amusa, drôle de paradoxe. La "vraie neige" était en tout point identique à celle ici. Froide, chaleureuse, belle et envoutante pour ceux qui prenaient la peine de vouloir la connaitre.

- Qu'est-ce qui vous manque pas...?
- A peu près tout. Contrairement à toi, je n'ai aucune attache de l'autre côté, les seules personnes que je connaissais sont mortes...

Esthelle s'étira doucement, ses muscles légèrement engourdis par le froid. La pensée de Lise lui revint soudainement à l'esprit, ainsi se sentit-elle obligée de rajouter :

- ... ou dans la boite. Vivre ici, vivre là-bas, je ne vois pas tant de différence. Du moment qu'on possède une vie et qu'on se bat pour elle.

La jeune femme parut soudainement triste, nostalgique. C'était sûrement le plus long monologue qu'elle n'eût jamais prononcé depuis son arrivée, et peut-être jamais ne parlerait-elle autant sur ses sentiments. Une raison de se battre lui suffisait pour survivre, car la vie n'était au final rien d'autre qu'une immense bataille, dont les perdants étaient définitivement les vivants qui avaient peur de mourir.

- Ma maman. Et mon papa. Le château, les gouvernantes. La vraie neige.

Sa maman... Son papa... Bien sûr je tiquais sur ces deux mots, même si c'était normal pour une petite fille... Mais elle me rappelait un peu Lyov et c'est ce qui semblait me perturber un petit peu, à croire que je faisais un transfert. Est-ce que je lui manquais, dès fois, moi aussi ? Non, j'étais peut être une personne de sa famille mais pas sa "maman" comme pouvait l'être ma sœur. C'était mieux comme ça de toute façon. Il était ma première raison de rester ici, alors forcément, j'y tenais.

- Qu'est-ce qui vous manque pas... ?

Elle ressemblait vraiment à Lyov, oui... Toute tremblante à cause de la colère... Peut être à cause d'Esthelle... ? Ou alors ça l'énerve que nous on soit bien ici alors que pour elle, la vie réelle lui cause un manque terrible... Que de suppositions inutiles puisque je n'aurais probablement jamais la réponse à moins de le lui demander. Quand à sa réponse...

- A peu près tout. Contrairement à toi, je n'ai aucune attache de l'autre côté, les seules personnes que je connaissais sont mortes... ou dans la boite. Vivre ici, vivre là-bas, je ne vois pas tant de différence. Du moment qu'on possède une vie et qu'on se bat pour elle.

Qu'on se bat pour elle... Penserait-elle "la vie est injuste, il faut se battre pour y survivre" ? Comme quoi écouter des gens peut être sympa de temps en temps... Mais vraiment de temps en temps... Je ferai pas ça tous les jours. Parler de moi non plus d'ailleurs, comme je le prouve, en image et dans l'immédiat :

- Mmh.

La Demoiselle au cheveux rose avait bizarrement changé de comportement. Ilya ne comprenait pas, de toute façon elle avait toujours eu du mal à comprendre. Parfois plus que d'habitude. Mais il lui arrivait tout de même d'avoir des éclairs de génie. Bref, pas souvent mais elle c'était déjà ça.

- A peu près tout. Contrairement à toi, je n'ai aucune attache de l'autre côté, les seules personnes que je connaissais sont mortes... ou dans la boite. Vivre ici, vivre là-bas, je ne vois pas tant de différence. Du moment qu'on possède une vie et qu'on se bat pour elle.

... Des personnes mortes? Même ses parents? Pendant longtemps la petite fille avait pensé que les parents étaient immortels. Maintenant elle sait qu'il peut y avoir de la mort, même si elle ne l'a jamais vu. C'était triste. Il manquait quelque chose à la vie de cette fille. Des parents... une famille. La boîte était peut-être un moyen de l'aider à ne plus penser à ça non?

- Mmh.

Elle se tourna vers la blonde. A l'évidence, elle n'avait aucun commentaire là dessus. Elle était très secrète. C'était nécessaire de continuer une telle conversation? Elle se sentait plus rejetée que jamais. Ilya souffla, désespérée, puis retrouva son sourire légendaire. Tant pis, elle ne devait pas être triste. Elle devait garder sa bonne humeur quoiqu'il arrive. Elle s'agenouilla dans la neige et du bout du doigt, dessina ses parents. Elle avait fait de grands sourires sur leur visage. Elle s'allongea dans la neige, et de haut, on pouvoir croire qu'elle donnait la main à ses parents dessinés.

- Pfou! Bon d'accord! Mais y a des choses à faire dans cette boîte au moins? J'm'ennuiiiiiiiiie!

- Mmh.

La jeune femme tira mentalement un long soupir d'agacement, sans toutefois que quelque chose ne parût sur son visage fin. Elle se contenta de jeter un regard en biais vers la reine blanche... même si parfois - voire tout le temps - son comportement était loin de celui que l'on attendait pour ce genre de... rang. Le pouvoir montait-il tellement à la tête des gens qu'ils se croyaient possible de tout ? Pour l'instant, le roi noir et la reine blanche semblaient parfaitement répondre à cette vérité générale, selon les avis qu'elle avait entendu d'autres pièces. La reine noire lui avait semblé plaisante, et en ce qui concernait le roi blanc, c'était en quelque sorte... confus. Trop de gentillesse cachait assurément autre chose, non ? Esthelle se gratta légèrement le coin de la bouche, perdue dans ses pensées, et baissa la tête en direction de la neige. Faisait-il partie de ce genre de personne que l'on croyait être notre ami, de ce genre de personne à qui l'on accordait toute notre confiance, avant qu'il ne plantât un couteau dans notre dos ? La naïveté dissimulait souvent une partie de caractère, encore plus lorsqu'elle était exagérée à ce point-là. Ou alors, ne faisait-il vraiment pas exprès d'être faible, ce qui restait quand même curieux. Et puis, des gens comme elle ne prenaient jamais la peine de s'intéresser aux autres, encore moins aux plus faibles qu'eux, ils ne faisaient que les rabaisser, les rabaisser. Donc, le fait que la reine blanche et Eraël fussent amis était troublant, c'était sûrement parce que la jeune femme s'intéressait à une partie de son caractère, et aucunement son côté naïf. Etait-il capable de blesser les gens ? Sûrement, tout le monde le pouvait, d'autant plus qu'il semblait affreusement maladroit... Puis son côté à toujours remettre en question le moindre de ses actes agaçait fortement la jeune femme, qui fixait avec une drôle d'intensité la neige depuis tout à l'heure. Si ses yeux diffusaient de l'énergie, ils auraient sans doute pu faire fondre la couche blanchâtre qui s'étendait à ses pieds. Elle ne faisait à peine attention aux mouvements de ses camarades, ainsi rata-t-elle une grande partie de ce que disait Ilyasviel.

- ...aire dans cette boîte au moins ? J'm'ennuiiiiiiiiie !

Esthelle releva soudainement la tête, pointant son regard démesurément profond vers la petite, avant de se détourner d'elle et de se lever. Elle sortit de sa poche son jeu de cartes de tout à l'heure et le lança à ses pieds. Celui-ci s'ouvrit sous le choc, dévoilant aux yeux du monde les cartes rouges et noires qui le contenait. L'élastique qui le maintenait fermé glissa aux côtés du roi de pique et du deux de carreau, formant une pâle imitation de l'infini qui existait entre les deux cartes.

- Tiens, fit-elle simplement

Sa voix s'était faite plus douce, presque effacée par rapport à cette expression impassible, froide, qui se dégageait de la canadienne. Celle-ci se détourna des deux jeunes filles puis se remit en marche, les mains dans les poches. Elle avait froid. Le caoutchouc de ses bottes ne la protégeait pas assez de l'humidité de la neige, et déjà ses joues prenaient une teinte plus rouge, plus marquée. Mais tant pis. Elle ne rentrerait pas tout de suite dans le bâtiment, comme le faisait remarquer la direction dans laquelle la jeune femme s'était dirigée. Les montagnes, le calme. Son visage se ferma, empreint d'un voile de mélancolie profonde. Elle n'avait pas envie de se mêler aux autres pièces de ci-tôt, elle voulait juste rester seule.

- On se reverra... pensa-t-elle doucement, un dernier regard à la neige s'étendant sous ses pas

- Pfou ! Bon d'accord ! Mais y a des choses à faire dans cette boîte au moins ? J'm'ennuiiiiiiiiie !

Ca m'arracha un petit rire. Ouais, les mioches s'ennuient vite en général. Je me demande comment les parents se débrouillent. Preuve que je n'en serai jamais une. Qu'est-ce qu'ils faisaient pour jouer avec eux ? Des jouets ? De la neige ? Quelque chose existait dont ils ne se lassaient jamais ? Je n'en avais aucune idée. J'aurais été vraiment pitoyable comme mère. Malgré les dires d'Eraël.

- Tu peux faire tout ce dont tu as envie. Fouille un peu.

Il ne fallait généralement pas aller bien loin pour trouver ce que l'on cherchait. Il suffisait juste d'aller se balader un peu, que ce soit à l'intérieur du bâtiment ou à l'extérieur. Les montagnes avaient une belle vue. La forêt était immense. Même ici, le verger était plutôt joli. Mais si elle avait des souhaits en particulier, bien qu'elle soit noire, elle pouvait toujours négocier avec Alpha. Mmh, peut être trop bornée pour ça... Enfin je pense qu'il y avait toujours des solutions ici. Ce qui changeait du monde extérieur où les grandes solutions étaient toujours difficiles à prendre.

- Les montagnes sont jolies. Certaines d'elles sont tout le temps enneigées, aussi. C'est amusant d'être là-bas.
- Tiens.

Un jeu de carte. Mon regard le remarqua à peine mais c'était bien un jeu de cartes qu'elle venait de lui offrir, sans doute son amusement à elle. J'étais toujours ailleurs quand j'étais sobre, plus détendue et moins farouche, donc tout passait au ralenti. En fait, plus je buvais, plus j'étais consciente de mes actes et de ma réalité. Bonne chance à celui qui me fera boire pour obtenir quelque chose.

- Queen ! Queeeeeeen ! Ah, t'es là ! Brrr... Fait froid ici !
- Va enfiler un pull, c'est pas moi qui te servira d'infirmière, petit frère...

Ce mec était définitivement maso quand même pour débarquer comme un cheveu sur la soupe et surtout... en t-shirt. Oui. Il était en t-shirt. En t-shirt. Quel abruti aurait l'idée de venir ici avec toute cette neige avec si peu de vêtement ? Crétin fini, je le vis s'apprêter à me répondre quand son regard se posa sur Ila... Iza... Iva... Illaza... Ilasavelle... Bref, la petite fille. Sourire chaleureux et tout le toutim. Ca y est, voilà qu'il me donne mal au crâne.

- Oh, bonjour, je ne t'avais pas vu, excuse-moi. C'est quoi ton nom ? Queen ne t'embête pas trop j'espère ?

...Conna**.

- Tu peux faire tout ce dont tu as envie. Fouille un peu.

Fouiller la boite... Elle ne pouvait pas toute seule, elle avait bien trop peur de ce qu'elle pourrait voir. Il lui fallait quelqu'un mais cette femme ne semblait pas être la personne idéale pour l'aider. Elle soupira un peu.

- Les montagnes sont jolies. Certaines d'elles sont tout le temps enneigées, aussi. C'est amusant d'être là-bas.

- Oh... J'ai jamais vu de montagne...

Elle ne connaissait que la forêt et quelques plaines enneigées. Peut-être que ça lui ferait du bien de voir de nouveaux paysages. La jeune fille aux cheveux roses, se leva et lança un paquet à la gamine.

- Tiens.

Elle commença à s'en aller et Ilya lui souffla un "merci" à peine audible. Et s'approcha de ce qu'elle avait lancé. Un jeu de cartes? Elle les prit entre ses mains et comme si c'était un réflexe, elle commença à les trier par couleur. Elle ne vit pas de suite le jeune homme qui c'était arrivé. Par contre elle l'entendit bien.

- Queen ! Queeeeeeen ! Ah, t'es là ! Brrr... Fait froid ici !
- Va enfiler un pull, c'est pas moi qui te servira d'infirmière, petit frère...

Son petit frère? Oui, ça aurait pu. Ils étaient tous les deux blonds. Ilya se posa sur le ventre pour observer en contre plongée le nouvel arrivant. Puis lui aussi la regarda.

- Oh, bonjour, je ne t'avais pas vu, excuse-moi. C'est quoi ton nom ? Queen ne t'embête pas trop j'espère ?

Elle se leva, toute contente d'avoir (enfin) un accueil digne de ce nom. Elle se posta devant le garçon et sourit à pleines dents.

- Bonjour! Moi c'est Ilyasviel! ça se prononce Ilyasfil! Et toi t'es quiii? La Dame? Nan elle est très gentille avec moi!

Même si elle était ronchon. Mais ça, elle évita de le dire pour sa propre survie. Elle était peut-être une fillette, mais elle savait les choses à ne pas dire.

- Bonjour ! Moi c'est Ilyasviel !

Bien joyeuse comme une petite fille ! Surprenant, surtout quand on voit qu'elle semble supporter Queen. En tout cas, elle est juste à côté d'elle, elle n'est pas blessée et celle-ci ne fait même pas mine de disparaître. C'est déjà bien, j'imagine. Parfois je me demande ce que j'ai fais pour qu'elle m'accepte dans son champ de vision et quand je m'en rappelle, ça me fait sourire. Les opposés s'attirent, j'imagine.

- Ca se prononce Ilyasfil !
- I-li-ya-s-fi-le.

Je découpe son nom avec soin, essayant de le graver quelque part dans ma mémoire. C'est dur les noms compliqués mais je n'ose jamais le redemander aux autres quand je l'oublie. Sans doute par peur de les vexer. En tout cas, j'ai souvent l'air encore plus débile à éviter de les nommer pour ne pas me tromper.

- Et toi t'es quiii ? La Dame ? Nan elle est très gentille avec moi !

Mes yeux s'agrandissent en direction de Queen. Elle m'ignore royalement. Mais même lorsque je retrouve mon regard normal et mon sourire habituel envers I... Ilya... sviel.... eh bien je pense que j'ai encore l'air un peu surpris.

- Oh. Tant mieux. Moi je suis le roi blanc et je m'appelle Eraël. Enchanté de te rencontrer ! Tu aimes la neige, non ?

- I-li-ya-s-fi-le.

L'enfant sourit en voyant qu'il prononçait son nom à la perfection. Elle croisa ses mains dans son dos, et se balançait d'avant en arrière tout en regardant le garçon. Il avait un joli visage et semblait très gentil.

- Oh. Tant mieux. Moi je suis le roi blanc et je m'appelle Eraël. Enchanté de te rencontrer ! Tu aimes la neige, non ?

Elle s'approcha un peu plus de lui et tira sur sa veste.

- Oui oui j'aime la neige! Mais je préfère la neige du dehors. Tu vas m'aider à sortir hein? Comme ça je pourrait aussi voir ma maman et mon papa!

Bah oui un garçon gentil l'aiderait forcément, il ne laisserait pas la petite dans la détresse. Et puis au cas où...

- Et si tu sais pas comment on fait, tu voudras bien jouer avec moi?

Oh ouiiii! Parce qu'elle voudrait bien avoir un autre ami que la neige. Elle lui fit son plus grand sourire et des yeux tout ronds pour le supplier.

- Oui oui j'aime la neige ! Mais je préfère la neige du dehors. Tu vas m'aider à sortir hein ? Comme ça je pourrait aussi voir ma maman et mon papa !

A-Ah... Une petite noire... voulant sortir, retrouver sa vie et les gens qu'elle aime mais condamnée à rester ici pour nous permettre d'être égoïstes. Voilà... Je culpabilise... encore... encore une fois... Mais même en sachant qu'à l'extérieur, ce sont les autres qui ne se gêneraient pas pour me malmener... Je me sens mal à l'idée que par ma faute, la situation soit ainsi. Bien que si je devais choisir, je libérerai tous les noirs.

- Je... Je suis désolé mais Alpha ne me laissera jamais faire...

J'opte pour une vérité parce que si je mens en disant que je ne sais pas comment sortir, a sonnera horriblement faux. Je ne sais pas mentir, par définition. Le mieux que je puisse faire c'est une omission de vérité et encore. Pathétique pour un gars né dans une famille qui ment comme elle respire !

- Et si tu sais pas comment on fait, tu voudras bien jouer avec moi ?
- Oui, bien sûr, ça me ferait très plaisir ! Tu veux jouer à quoi ?

- Je... Je suis désolé mais Alpha ne me laissera jamais faire...

Ilyasviel eût une petite moue. Alors lui aussi devait se plier aux quatre volontés de la fillette capricieuse... Elle soupira. Il avait l'air tellement gentil ce garçon, pourquoi elle l'avait enfermé ici? Peut-être que, comme Esthelle, ça lui était égal. Peut-être même qu'il était heureux ici, et qu'il était enfermé de son plein gré...

- Oui, bien sûr, ça me ferait très plaisir ! Tu veux jouer à quoi ?

Elle regarda les cartes que la jeune fille aux cheveux roses lui avait gentiment donné et les tendit au garçon.

- Peut-être que tu pourrais m'aider à faire un beau château?

Ah ça, elle adorait faire des château de carte. Mais pour ça, il fallait de la patience. Or, elle s'énervait très vite, et les cartes tombaient inévitablement. Elle avait déjà réussit à en faire un beau, mais elle avait cessé de respirer tout du long de la construction et elle était devenue toute violette. Elle regarda la femme qui semblait ignorer le garçon.

- Tu veux nous aider?

- Peut-être que tu pourrais m'aider à faire un beau château ?

Un château de cartes... ? Ca faisait longtemps que je n'avais pas essayé d'en faire un ! C'est donc avec un grand sourire que je hochais la tête, tendant les mains pour recevoir quelques cartes, pour pouvoir l'aider à en faire monter un. On risquait sans doute d'en créer un avec un équilibre assez instable mais l'essentiel, c'était de pouvoir s'amuser et passer le temps, non ? La petite devait le trouver long loin de ses parents... Mais je ne pouvais rien y faire, il fallait qu'il arrête de culpabiliser inutilement. Voilà.

- Tu veux nous aider ?
- C'est vrai, ça, Queen. Ca peut être amusant de se lier un peu avec les autres, tu sais. Et puis tu pourras faire le tour à Lyov !

Ca c'était un argument indétrônable, qu'elle ne pouvait même pas songer à réfuter, alors elle quémanda d'un signe de main quelques cartes pour nous aider à fabriquer le château.

- Hn, bon. Pourquoi pas.

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